Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh
Tripoli est désormais une ville abandonnée à la folie meurtrière des miliciens. Impuissant, face à la vague de violence sans précédent depuis la guerre civile il y a 25 ans, le gouvernement s'est éclipsé. Ce sont les notables locaux qui tentent de négocier une trêve entre les miliciens sunnites partisans des rebelles syriens et les combattants alaouites pro-Assad.
Un député de la ville Mohamed Kabbara a évoqué un prochain cessez-le-feu, mais sur le terrain il n'y a aucun signe d'accalmie. Au contraire, il y a des indices alarmants. L'armée, privée de couverture politique et attaquée par les miliciens s'est repliée. Elle a suspendu ses patrouilles et se cantonne dans ses casernes. L'une d'elles a encore été la cible de tirs jeudi. Plusieurs militaires ont été blessés.
Autre signe inquiétant : l'utilisation dans les combats de mortier de gros calibre alors que les snipers tirent sur tout ce qui bouge. Des obus se sont abattus dans le centre-ville à plusieurs kilomètres des zones de combats. On craint sérieusement un assaut général contre le quartier alaouite, comme l'a laissé entendre l'ancien chef de la gendarmerie, aujourd'hui à la retraite. Un général sunnite a établi un lien entre l'assaut contre Qousseir en Syrie et les combats à Tripoli.