Surnommé le « boucher de la presse », qualifié de « violeur en série des droits de l'homme » par l'ONG Human Rights Watch, Saïd Mortazavi est l'une des figures les plus dures du régime iranien. Il s'est notamment illustré dans la répression des manifestations qui ont suivi la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad en 2009. A l'époque, au moins trois opposants sont morts sous la torture dans la prison dont il avait la charge.
Selon Thierry Coville, de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), son arrestation est significative : « C’est un fait politique très important. Saïd Mortazavi, notamment dans tous les milieux réformateurs, est une des figures les plus haïes parce que il est à l’origine de l’arrestation d’une quantité innombrable de journalistes et d’hommes politiques depuis à peu près quinze ans ».
Aucune raison n'a été donnée pour expliquer l'interpellation de Saïd Mortazavi qui intervient alors qu'une véritable lutte de pouvoir est en cours à Téhéran : « Comme d’habitude en Iran, les élections présidentielles sont des enjeux et il y a des luttes de courants. Je situerais ça très clairement dans une lutte de courants : Saïd Mortazavi appartient vraiment à un des courants les plus durs de la République islamique. On voit très bien qu’il y a un affrontement entre des courants conservateurs un peu plus modérés et les courants les plus durs ».
Une lutte qui s'intensifie à l'approche de la présidentielle prévue en juin et qui oppose notamment Mahmoud Ahmadinejad et le président du Parlement Ali Larijani. Les deux hommes se sont affrontés en pleine séance à l'Assemblée nationale dimanche.
Saïd Mortazavi est un proche du président iranien. Mahmoud Ahmadinejad a qualifié son arrestation de « très vilaine » et annoncé qu'une enquête serait ouverte à ce sujet.