De notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
Alors que les manifestations de l’opposition se poursuivent un peu partout en Egypte contre le président Morsi et les Frères musulmans, l’armée est sortie de son silence pour lancer une mise en garde à peine voilée.
« L’Etat pourrait s’effondrer si la confrontation entre les forces politiques sur la gestion du pays se poursuit », a déclaré le ministre de la Défense, le général Abdel Fattah el-Sissi. Une mise en garde sur un éventuel retour de l’armée à la direction des affaires en cas « d’échec des forces politiques à trouver une solution à la crise ».
Cet avertissement arrive alors que toute tentative de dialogue entre le président islamiste et l’opposition laïque a échoué. La proposition de l’opposition de former un gouvernement d’union nationale a été officiellement rejetée par la présidence, laquelle semble nager dans la confusion.
Morsi, la marche arrière
Deux jours après avoir décrété l’état d’urgence et le couvre-feu dans les provinces de Port-Saïd, Suez et Ismaïlia, le président Morsi a fait marche arrière. Son adjoint a indiqué que le président avait demandé aux gouverneurs des provinces d’étudier la possibilité d’alléger ou de lever ce couvre-feu -qui n'a jamais été respecté- en fonction de la situation.
La première réaction est venue du gouverneur d’Ismaïlia qui a laissé entendre qu’il lèverait les mesures d’exception. Le gouverneur de Port-Saïd, où il y avait eu une quarantaine de morts dans des violences, a dit qu’il allait entamer des consultations. Le gouverneur de Suez, où une dizaine de personnes avaient été tués a dit qu’il attendait de recevoir officiellement le nouveau décret.
Visite européenne écourtée
Il est vrai que le couvre-feu n’était respecté par personne. A 21 h, au moment de l'entrée en vigueur de celui-ci, il était annoncé à coup de klaxons et de pétards par les habitants qui descendaient manifester contre le président Morsi et jouer au foot avec l’armée. Une armée, qui elle, continuera probablement à maintenir l’ordre.
Sur le plan diplomatique, face à ces événements, le président Mohamed Morsi a décidé d'écourter sa tournée européenne. Il a annulé sa visite en France le vendredi 1er février mais il se rend pour une courte visite en Allemagne ce 30 janvier. Sur la chaîne de télévision ARD, le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a déclaré que l'aide offerte par le gouvernement allemand dépendra « des avancées de
l'évolution démocratique en Egypte ».