Avec notre envoyée spéciale au Caire, Véronique Gaymard
C’est bien la déception et la colère qu’on perçoit dans ces slogans de la révolution, qui sont les mêmes qu’il y a deux ans : « Du pain, la liberté, la justice sociale et la dignité humaine » et que tous reprennent en cœur. Sur les affiches, on peut lire : « Non aux Frères musulmans », « Nous voulons une nouvelle Constitution » ou encore « Morsi égale Moubarak ».
Pour ceux qui sont descendus ce vendredi 25 janvier dans les rues, le président, qui a fait passer en force la nouvelle Constitution en décembre, est incompétent et autoritaire. Selon eux, les promesses de la révolution que les Frères musulmans se sont targué de représenter lorsqu’ils ont fait campagne il y a six mois, ne sont pas tenues. Et Mohamed Morsi utilise les mêmes méthodes du régime militaire que la confrérie a contribué à renverser. Pour les manifestants, c’est le président Morsi qui est responsable de la profonde division du pays.
Au nord du Caire, à Héliopolis, c’est devant le palais présidentiel que des affrontements ont commencé en fin d’après-midi ce vendredi entre manifestants et forces de l’ordre, comme autour du ministère de l’Intérieur, près du centre, où les blessés se comptent par dizaines.
Des manifestants ont bloqué le Pont du 6 octobre, non loin du bâtiment de la radio et de la télévision publique à Maspero, où des groupes se sont affrontés là aussi aux forces de l’ordre, qui ont répliqué avec des gaz lacrymogènes puissants.