« J’ai été capturé par la police et mis en prison pendant 22 jours (…) J’ai été battu tous les jours, ils ont aussi utilisé de l’électricité ». Le récit de Moussa, 15 ans, fait partie des 18 témoignages rassemblés par l’ONG Save the children dans un document intitulé « Untold atrocities » (des atrocités jamais dévoilées). Ces témoignages recueillis dans le camp de réfugiés de Zaatari en Jordanie font froid dans le dos.
Wael, 16 ans, lui aussi arrêté avec des centaines de personnes, raconte comment il a vu un enfant de 6 ans mourir sous la torture. « Cet enfant de 6 ans a été torturé plus que les autres. On ne lui a donné ni à manger, ni à boire pendant trois jours (…) Il n’a survécu que trois jours, puis il est mort. Il était terrifié. Ils ont traité son corps comme si c’était un chien ».
Un traumatisme qui perdure
Selon Wael et d’autres témoins, dont les récits sont relatés par Save the children, les enfants sont en général arrêtés et torturés parce que leurs parents sont recherchés. Certains seraient juste emportés dans des rafles qui visent toute personne au dessus de 15 ans.
Ces enfants victimes ou témoins de tortures restent traumatisés, même après leur fuite de Syrie. Amani, 13 ans, dont le frère a été battu, raconte ne plus avoir goût à la vie.
« Je ne veux plus manger. Je n’ai plus faim (…). Quand je pense à ce qu’il s’est passé, je ne peux pas m’arrêter de pleurer. Je pleure tout le temps. Je ne sais pas combien de temps ça va prendre pour m’en remettre, peut-être une vie entière ».
« Ce ne sont plus des enfants maintenant »
Hassan, 14 ans, raconte avoir échappé à un bombardement lors de funérailles. La mort de son oncle et de son cousin l’ont « anéanti ». « A cause de ce qu’il s’est passé en Syrie, on ne joue plus », dit-il. « Aucun enfant n’a été épargné, ils ne sont plus des enfants maintenant » , résume un père de famille interrogé par Save the children.
Le document de l’ONG ne rassemble que 18 témoignages et reste imprécis quant aux lieux ou aux auteurs de ces atrocités. Ils corroborent toutefois les informations rapportées par d’autres ONG et des journalistes qui se sont rendus en Syrie.
En publiant ces témoignages le jour de l’ouverture de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, Save the children compte bien faire pression sur la communauté internationale qui reste impuissante jusqu’ici face au conflit en Syrie. « Nous publions ce rapport pour que les voix des enfants eux-mêmes puissent être entendues, écrit la présidente de l’organisation Justin Forsyth, nous devons écouter et agir ».