Liban: Benoît XVI vante «la collaboration entre les différentes Eglises»

Le pape Benoît XVI est arrivé ce vendredi à 13h40 heure locale au Liban pour une visite de trois jours. Il arrive dans une région en ébullition, bouleversée par la guerre en Syrie et la diffusion récente d’un film anti-islam. Sa visite est très attendue par les chrétiens d’Orient qui s’inquiètent des répercussions des printemps arabes, et notamment de la montée de l’islamisme.

C’est un Liban en fête qui accueille le pape Benoît XVI ce vendredi 14 septembre. Les rues de Beyrouth ont été décorées de banderoles lui souhaitant la bienvenue en arabe, en français, en allemand et en anglais. Une centaine de jeunes tout vêtus de blanc l’attendaient sur le tarmac de l’aéroport de Beyrouth où ils ont crié de joie et agité une pancarte : « Le Liban en joie, le pape est arrivé », lorsque son avion a atterri. Les cloches de toutes les églises du pays ont ensuite sonné à toute volée.

Le souverain pontife est apparu souriant à sa descente de l’avion. Il a été reçu par le président Michel Sleiman et de nombreux dignitaires religieux et diplomates. « La famille libanaise dans toutes ses composantes vous accueille avec gratitude », lui a lancé Michel Sleiman, seul chef d’Etat chrétien du monde arabe.

Benoît XVI a ensuite pris la parole pour le premier des sept discours qu’il doit prononcer pendant ces trois jours. Un discours de paix et de fraternité. Il a appelé à la coexistence pacifique entre les communautés religieuses du Moyen-Orient, vantant l’exemple du Liban, pays multiconfessionnel où vivent 35% de chrétiens et 65% de musulmans. « L'heureuse convivialité, toute libanaise, doit démontrer à l'ensemble du Moyen-Orient et au reste du monde qu'à l'intérieur d'une nation, peuvent exister la collaboration entre les différentes Eglises (...) et dans le même temps, la convivialité et le dialogue religieux entre les chrétiens et leurs frères d'autres religions », a-t-il déclaré.

Condamnation du fondamentalisme

Le souverain pontife s’est ainsi fait l’écho de la crainte des chrétiens d’Orient, inquiets de la montée de l’islamisme après les révolutions arabes. Dans l’avion qui l’amenait à Beyrouth, Benoît XVI a confié aux journalistes qui l’accompagnaient tout le bien qu’il pensait du Printemps arabe. C’est « une chose positive, un désir de davantage de démocratie, de liberté, de coopération, d’une identité arabe rénovée », leur a-t-il dit. Mais il également mis en garde contre les dérives que cette liberté retrouvée pouvait engendrer. « La liberté doit correspondre à un dialogue plus grand, pas à la domination des uns par les autres », a affirmé Benoît XVI.

Le pape arrive dans une région en ébullition, marquée par la guerre en Syrie et la diffusion récente du film anti-islam « L’innocence des musulmans », qui a provoqué une vague d'émeutes dans plusieurs pays arabes, dont l'Egypte et le Yémen. Mercredi, le Vatican avait publié un communiqué condamnant à la fois la violence des manifestants et « les offenses injustifiées et les provocations à la sensibilité des musulmans ». Des critiques que Benoît XVI a renouvelées ce vendredi. Il a dénoncé vivement le fondamentalisme religieux, le qualifiant de « falsification de la religion ».

Le souverain pontife a également demandé la fin des importations d’armes en Syrie. « L'importation d'armes doit cesser une fois pour toutes. Car sans importation d'armes la guerre ne pourrait continuer », a-t-il déclaré, appelant les dirigeants politiques à se mobiliser de toutes leurs forces pour la paix. Si Benoît XVI n’entend pas se placer en puissant chef politique, il souhaite faire de sa venue une invitation au dialogue contre la violence.

 

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