Syrie: alors que Bachar el-Assad promet la victoire à «n'importe quel prix», l'Iran prône le dialogue

Le règlement du conflit en Syrie est «politique» et non «militaire» a déclaré ce 26 août 2012 un émissaire iranien après son entretien à Damas avec le président syrien. Des propos qui tranchent avec les propos guerriers de Bachar el-Assad qui déclarait vouloir la victoire «à n'importe quel prix». Sur le terrain, alors que les forces fidèles au président syrien sont accusés de s'être livrées à un massacre dans la ville de Daraya, Ankara a temporairement décidé de ne plus accueillir de réfugiés sur son sol. Quelque deux mille réfugiés syriens sont bloqués aux portes de la Turquie.

Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifé

Le président syrien s’exprimait devant un émissaire iranien venu lui remettre une invitation pour le sommet des Non-alignés. Bachar el-Assad a réaffirmé que son pays vaincra à n’importe quel prix ce qu’il a appelé le «complot étranger» dirigé contre Damas. Ce qui ce passe n’est pas dirigé seulement contre la Syrie mais contre la région toute entière, a ajouté le président syrien dont les propos sont repris par l’agence officielle Sana.

Déterminé, Bachar el-Assad a déclaré que la Syrie continuera dans sa stratégie de résistance en dépit de la collaboration entre les pays occidentaux et certains Etats pour qu’elle change de position. Même fermeté du côté du ministre des Affaires étrangères. Walid Mouallem a écarté toute discussion sur un possible départ de Bachar el-Assad, tant que le pays n’aura pas été purgé des « groupes terroristes ».

Ouverture diplomatique de l'Iran et de l'Egypte

Ces positions intransigeantes tranchent avec celles du chef de la Commission parlementaire iranienne des Affaires étrangères. Alaeddine Boroujerdia estimé que le conflit en Syrie doit être réglé par le dialogue et a souligné que la solution militaire est dans l’impasse. Cette flexibilité iranienne s’est accompagnée d’une ouverture de la part de l’Egypte qui a assuré que l’Iran pouvait faire partie de la solution à la crise syrienne. Le Caire a réitéré sa proposition d’un groupe de contact régional sur la Syrie qui inclurait l’Egypte et l’Iran mais aussi l’Arabie saoudite et la Turquie, deux alliés des rebelles.

La Turquie fait une pause dans l'accueil des réfugiés

avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

Plus de place ! C’est l’explication qui est donnée aux réfugiés syriens qui continuent d’affluer à la frontière turque mais qui, depuis samedi 25 août, sont priés d’attendre du côté syrien jusqu’à ce que de nouveaux camps d’accueil soient ouverts en Turquie.

Officiellement, Ankara n’a pas fermé sa frontière et ne refoule pas ces réfugiés, mais ils sont néanmoins priés de patienter en territoire syrien, où leur est fournie une aide humanitaire minimale. Et ils sont déjà plusieurs centaines, sans doute entre 2 et 3000, à se masser aux postes-frontière de Bab-el-Salama, face à la ville turque de Kilis, et surtout de Bab-el-Hawa, face à Reyhanli.

Un afflux massif ces dernières semaines

Avec déjà plus de 80.000 Syriens hébergés dans les camps du Croissant Rouge, la Turquie n’arrive plus à faire face à cet exode, dont le rythme s’est sérieusement accéléré ces dernières semaines. Beaucoup déjà dorment dans des écoles, des salles de sport ou parfois des jardins publics, et les autorités accélèrent autant que possible la mise en service de nouveaux villages de toile.

Le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu avait prévenu que son pays ne pourrait accepter plus de 100.000 réfugiés, mais avec la rentrée scolaire qui approche et l’intensification du flot des arrivants, le dispositif humanitaire turc est déjà au bord de l’explosion.

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