L'aviation d'el-Assad entre en action à Alep pour faire tomber l'Armée syrienne libre

C'est une bataille « cruciale » pour l'avenir de la Syrie. Bachar el-Assad le reconnaît, le résultat des affrontements d'Alep entre son armée et les combattants rebelles pourrait dicter l'issue du conflit qui embrase le pays depuis un an et demi. Chaque jour, les combats y sont plus violents, et le régime a recours à son aviation de chasse, affirme l'ONU. Sur le terrain, il est bien difficile de connaître précisément le déroulement des évènements. Les insurgés, qui contrôlent une partie de la ville, disent viser le siège des services de renseignement. Plusieurs chefs de l'Armée syrienne libre (ASL) souhaitent que la communauté internationale mette en place une zone d'exclusion aérienne. Parmi eux, le colonel Aïtham Derwish commande l'une des plus importantes factions de l'ASL dans le nord du pays. RFI a pu le rencontrer.

Avec notre envoyé spécial dans la région d'Alep, Jérôme Bastion

Le colonel Aïtham Derwish a gardé ses galons aux couleurs rouge, blanc et noir de l’Armée nationale, qu'il a désertée il y a quelques semaines à peine. Mais il est l’un des subordonnés directs du commandant en chef de l’Armée syrienne libre, Riyad el-Asaad. Il est chargé de la très « cruciale » conquête d’Alep.

Ces troupes gouvernementales, qu’il combat désormais - plutôt avec succès -, il les connaît bien : « Nous leur avons pris des tanks et des armes lourdes car les hommes de Bachar el-Assad ont peur, ils ne sont plus motivés et abandonnent leur matériel dès qu’il y a un engagement sérieux ; cette armée ne combat qu’à 5% de ses capacités ».

Selon lui, c’est une des raisons pour lesquelles le régime recourt tant aux bombardements aériens, qu’il faut stopper à tout prix. « La toute première chose que nous demandons aux Nations unies, c’est de décréter une zone d’exclusion aérienne, explique le militaire. De cette manière, une victoire rapide sera possible pour nous. Et cela permettra d’abréger les souffrances des populations et réduira le coût en vies humaines, tant pour les civils que pour les militaires, parce que les habitants de cette ville ont déjà beaucoup souffert. »

Sans quoi l’ASL, dont la victoire finale ne fait aucun doute à ses yeux, ne gagnera qu’une guerre d’usure, longue et dévastatrice.

Des avions de chasse au-dessus de la ville

Pour le régime de Damas, la bataille d’Alep est donc « cruciale ». La deuxième ville du pays sera défendue coûte que coûte. Après l’artillerie lourde, c’est d’ailleurs l’aviation qui est entrée en jeu depuis mardi 31 juillet. « Les observateurs des Nations unies ont vu des avions de chasse tirer sur la ville de Alep, a affirmé la porte-parole de la mission de l’ONU en Syrie, Sausan Ghosheh. Les zones visées se trouvent dans le sud-est d’Alep aux abords de la zone de Bab el-Hadid, non loin du quartier de Salah Eddine. Les affrontements dans la ville d’Alep n’ont toujours pas baissé d’intensité, la bataille continue. »

Dans le camp adverse, le recours à l’aviation de chasse n’impressionne pas. Pour le général Mostafa Cheikh, un des chefs de l’ASL, c’est avant tout au sol que se jouera la bataille d’Alep. « Ils veulent tuer la révolution, démoraliser nos troupes et c’est pour ça qu’ils utilisent l’aviation. Ils ne gagneront pas la bataille, même avec leurs avions de chasse. Notre objectif, désormais, c’est de détruire le siège des services renseignement à Alep. »

Si elle se concrétisait, cette nouvelle prise symbolique ouvrirait la voie à une victoire à Alep, selon les rebelles. Depuis le début de la semaine, les insurgés ont déjà pris trois commissariats, détruit le tribunal militaire et le bureau du parti Baas au pouvoir. Selon l'Agence France-Presse, ils ont attaqué ce jeudi matin un aéroport militaire à proximité d'Alep.

Le difficile travail des humanitaires

Selon l'ONU, plus de 200 000 personnes ont fui la deuxième ville de Syrie, où les combats sont particulièrement intenses entre l'armée et les insurgés. Le reste de la population tente de trouver refuge dans des écoles ou d'autres bâtiments publics.

Mais même une fois à l'abri, reste le problème de l'accès à la nourriture et à l'eau. L'aide est très difficile à acheminer dans certains quartiers, comme l'explique Albeer Etefa, la porte-parole du Programme alimentaire mondial au Caire.

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