Le bras de fer entre l'Iran et l'Occident autour du nucléaire

En ce début 2012, l'Iran se rappelle au bon souvenir des Etats-Unis et de l'Europe qui viennent d'annoncer de nouvelles sanctions à son encontre. Les manœuvres militaires de ces derniers jours dans le détroit d'Ormuz, passage stratégique du trafic maritime pétrolier mondial, ont été l'occasion pour le régime de Mahmoud Ahmadinejad de donner de la voix. Téhéran se targue désormais d’avoir la capacité de bloquer le détroit.

Dernier épisode en date, l'annonce de tests de missiles de croisière de moyenne et de courte portée : un missile sol-mer et un missile sol-sol. «Le premier missile, d'une portée de 200 km a atteint sa cible avec succès», s'est vanté l’amiral Mahmoud Moussavi, le porte-parole des manœuvres navales. C'est un missile du type Ghader, doté de nouvelles technologies et qui a été utilisé pour la première fois, toujours selon Moussavi. L'autre missile, de courte portée Nasr, a aussi été testé avec succès.

Selon les experts, ce ne sont que des missiles de courte et moyenne portée, pouvant atteindre des cibles à 200 km maximum, rien à voir avec ceux testés par le passé, capables d'aller jusqu'à 2 000 km.

C'est un moyen pour l'Iran de faire un étalage de force, alors que les Etats-Unis ont menacé Téhéran ce week-end de nouvelles sanctions. Cela fait partie donc d’une provocation, tout comme la menace de fermer le détroit d'Ormuz où transite au moins 20 % du commerce pétrolier, menace fictive car la fermeture handicaperait surtout l'Iran exportatrice d'or noir.

Les nouvelles sanctions à l’encontre de l’Iran

Les Etats-Unis ont donc annoncé de nouvelles sanctions contre Téhéran. Samedi 31 décembre 2011, le président américain Barack Obama a en effet promulgué une loi de financement du ministère de la Défense, qui prévoit des sanctions contre le secteur financier de Téhéran. Toute banque étrangère qui ferait affaire avec les banques iraniennes, privées comme publiques, y compris la Banque centrale, serait sanctionnée. Cela vise à diminuer les revenus que le pouvoir tire du pétrole. Et cela vient renforcer d'autres mesures prises récemment comme le gel des avoirs iraniens ou les entraves au commerce. L'étape d'après étant un embargo total sur le pétrole iranien, une option à laquelle certains pays dont la France réfléchissent. Cela entraînerait une paralysie de l'économie iranienne, qui dépend à 80% du pétrole. Sans aller jusque-là, l'annonce de sanctions américaines a déjà fait dégringoler le rial, la monnaie iranienne, de 12% par rapport au dollar.

Depuis un an, le rial a perdu 66 % de sa valeur, preuve que l'économie iranienne est de plus en plus affectée par les sanctions occidentales.

Un programme nucléaire qui inquiète l'AIEA

A l'origine de ces sanctions contre l'Iran, son programme nucléaire. Les Occidentaux accusent Téhéran d'enrichir de l'uranium à des fins militaires. Téhéran qui a annoncé dimanche 1er janvier 2012 avoir testé pour la première fois des barres de combustible nucléaire produites localement.

Le pourcentage d’enrichissement de l’uranium n’est pourtant pas connu. C'est cela qui définit l'usage civil ou militaire du combustible. Il faut qu'il soit enrichi à plus de 90% pour pouvoir être utilisé dans la fabrication d'une bombe atomique. Simple gesticulation ou menace réelle, le régime iranien prouve en tout cas qu'il avance dans son programme nucléaire. Rappelons que le dernier rapport de l'AIEA, l'Agence internationale de l'énergie atomique, était assez alarmiste. Il indiquait que l'Iran avait certainement travaillé il y a quelques années sur la mise au point d'un engin explosif nucléaire, et que certaines activités continueraient aujourd'hui. Depuis la parution de ce rapport en novembre 2011, les Occidentaux ne cessent de resserrer l'étau autour du régime iranien.

Vers un isolement économique de l’Iran ?

L’isolement économique, réel, accentue les tensions sur le plan intérieur. Les réformateurs ont annoncé la semaine dernière qu'ils boycotteraient les législatives de mars prochain. Sur le plan international, il n'y a guère que la Russie et la Chine qui continuent de soutenir le régime. Pékin se fournit en pétrole auprès de l'Iran. Mais régionalement, l'Iran est toujours perçu comme une menace, soupçonné d'influencer l'Irak et son gouvernement pro-chiite. La Syrie reste aussi un allié, tant que Bachar el-Assad reste au pouvoir. Pour l'instant, et malgré les menaces d'Israël, aucune intervention militaire n'est envisagée contre l'Iran. Les sanctions économiques semblent être une arme plus efficace pour faire plier le régime. Signe de bonne volonté ou pas, l'Iran par la voix de son négociateur en chef, Saïd Jalili, a proposé de reprendre le dialogue avec les Occidentaux sur son programme nucléaire, dialogue interrompu depuis un an.
 

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