Syrie: la Ligue arabe inflige un camouflet au régime de Damas

La décision de la Ligue arabe de suspendre la Syrie suite à son refus d'appliquer comme promis le plan arabe de sortie de crise a été saluée par les Nations unies et la Grande-Bretagne, ainsi que par la plupart des médias arabes dans leurs éditions de ce dimanche 13 novembre. En réaction, en Syrie des manifestants pro-régime ont mis à sac l'ambassade d'Arabie Saoudite à Damas tandis que d'autres ont investi la représentation du Qatar.

Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti

C’est la troisième fois en 66 ans d’histoire que la Ligue arabe suspend un pays membre. La première fois, c’était en 1979, quand l’Egypte d’Anouar el-Sadate avait signé le traité de paix de Camp David avec Israël. Plus récemment, en mars, c’était au tour de la Libye de se trouver suspendue à cause de la sanglante répression de Kadhafi contre l’opposition.

Mais la Ligue est allée plus loin puisqu’elle a décidé d’aider l’opposition syrienne. Une réunion rassemblant tous les courants de l’opposition est, en effet, prévue dans les prochains jours au siège de la Ligue. Objectif : unifier l’opposition contre le régime.

La Ligue a, de plus, implicitement appelé l’armée syrienne à se mutiner en l’invitant à arrêter la répression et à défendre les civils. Une répression ordonnée par le régime de Bachar el-Assad. Les sanctions politiques et économiques qui seront précisées dans les prochains jours seront, elles aussi, une première. Autant de mesures que la Ligue n’avait adopté que contre un seul Etat : Israël, l’ennemi juré.

Dans la presse arabe: « Le compte à rebours pour Assad a commencé »

La majorité des médias arabes applaudissent la résolution de la Ligue. On peut ainsi lire des titres comme : « Le début de la fin », « Le compte à rebours pour Assad a commencé ».

Il y a aussi de nombreux médias qui rendent hommage à la ténacité du Cheikh Hamad ben Jassem, Premier ministre et chef de la diplomatie du Qatar, l’actuel président de la Ligue. Il y a un commentaire qui revient souvent : « mieux vaut tard que jamais ».

Au Caire, les manifestants de l’opposition syrienne ont remplacé les funérailles qu’ils comptaient faire à la Ligue arabe par des youyous et des danses de joie.

Ambiance de colère, par contre, du coté de la presse syrienne et libanaise pro-syrienne. La Ligue arabe est accusée d’être « le valet des Américains et des Israéliens ». Certains parlent de « conspiration » : « après l’Irak et la Libye voici le tour de la Syrie ».

Il y a aussi ceux qui critiquent l’inactivité de la Ligue en ce qui concerne le bain de sang au Yémen et la répression dans le royaume du Bahreïn.

Il y a enfin ceux qui se demandent si la levée de la couverture arabe pour le régime syrien ne signifie pas le feu vert pour une intervention internationale.

Partager :