Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Le navire turc de recherches sismologiques Piri Reis aurait entamé lundi sa mission d’exploration, vers 16h30, précise l’agence Anatolie.
En fait, cruellement privée d’informations, la presse turque est quasi muette sur le sujet, qui pourtant devrait défrayer la chronique. Ainsi, la localisation du bateau, à bord duquel se trouveraient une dizaines de scientifiques et une vingtaine de membres d’équipage, demeure protégée comme un secret d’Etat. Selon la dépêche lénifiante de l’agence de presse, seule source d’information à ce jour, cet équipage « a le moral », il est « conscient de l’importance de sa mission » et « travaille sans relâche ».
Le chef de la mission scientifique y explique encore que le navire est constamment surveillé par la marine et l’aviation turque, et qu’il ne peut être joint que par communication satellite ; ce qui est plutôt surprenant, mais bien utile pour que personne ne sache exactement où est, et ce que fait vraiment le Piri Reis.
Car il est très probable que cette discrétion serve à camoufler l’absence de toute recherche, pour l’instant, tout en clamant le contraire pour dissuader les Chypriotes et les Israéliens de poursuivre leurs propres sondages. C’est d’ailleurs le sens de la proposition remise samedi par la Turquie et Chypre-Nord au secrétaire général de l’ONU : suspendre simultanément les explorations menées au nord et au sud de l’île pour mettre sur pied un mécanisme conjoint de concertation. Ce qui sous-entend bien qu’Ankara ne souhaite pas, au fond, se lancer dans ce bras de fer.