Avec notre correspondante à Sanaa, Charlotte Velut
Fleurs à la main, maillot blanc recouvert de l’inscription «martyr de la révolution» sur le dos, les opposants arpentent les rues de Sanaa toujours le même slogan : «le peuple veut la chute du régime».
Les milliers de manifestants composent un ensemble hétéroclite. Aux côtés des étudiants, les casques de chantier des travailleurs côtoient les bérets bleus des policiers ou encore les étoiles jaunes d’un capitaine de l’armée.
Sur leur passage, certains protestataires taguent l’inscription «dégage», d’autres décrochent les affiches d’Ali Abdallah Saleh des murs. Afin de limiter les affrontements avec les partisans du président Saleh, les manifestants jouent désormais la carte de la surprise. Chaque déplacement dans la ville s’organise à la dernière minute, sans itinéraire précis. Une tactique qui s’était révélée efficace jusqu’à samedi soir. Aux alentours de 23 h, des dizaines de coups de feu ont résonné dans le ciel de la capitale. D’après des témoins, les forces de l’ordre ont ouvert le feu et utilisé des gaz lacrymogènes contre les manifestants pour stopper leur avancée. Une source médicale rapporte que près de deux cents personnes ont été blessées et au moins 1200 ont dû recevoir un traitement pour suffocation.