De notre correspondante à Londres.
La conférence de presse conjointe de David Cameron et de son hôte turc, le Premier ministre Recep Erdogan, le 31 mars 2011 au 10, Downing street à Londres, était un exercice délicat. La position des deux pays sur la crise libyenne est en effet très différente. Les deux Premiers ministres, bien que choisissant leurs mots avec soin, ne l’ont pas caché. La Turquie n’approuve pas les frappes aériennes sur la Libye depuis le début. Quant à l’éventualité d’armer les rebelles, il n’en est pas question pour le chef du gouvernement turc. Pour lui, cela pourrait créer un environnement favorable au terrorisme. A l’opposé, son homologue britannique a pour sa part confié qu’il ne l’excluait pas, même si aucune décision n’a encore été prise sur ce sujet.
Pour atténuer ces divisions, David Cameron s’est empressé de préciser qu’Ankara ferait partie du groupe de contact sur l’avenir politique de la Libye, officialisé à Londres. Le Royaume-Uni est en effet soucieux de ne pas mettre à l’écart un pays qu’il soutient fermement. Le chef du gouvernement britannique est d’ailleurs revenu longuement sur l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, un dossier qui rapproche les deux pays, et a dû abonder dans le sens de Recep Erdogan qui s’est plaint de l’attitude négative de la France à ce sujet. David Cameron a précisé être en profond désaccord avec le président Nicolas Sarkozy et a réaffirmé qu’il continuerait à appuyer sans faille la candidature de la Turquie.