« Aucun homme n’est au-dessus des lois », a rappelé l’un des trois juges du tribunal de Tel Aviv réuni ce mardi 22 mars pour annoncer la sentence. Jugement sans précédent, qui envoie un ancien chef de l’Etat derrière les barreaux. Moshé Katzav est condamné à sept ans de prison ferme, plus deux ans avec sursis. Il devra en outre verser 100 000 shekels (20 000 euros) à l’une des plaignantes et 25 000 shekels (5 000 euros) à une autre. Cette peine est la suite du jugement prononcé le 30 décembre 2010, selon lequel Moshé Katzav est coupable de viols, d’agressions sexuelles, de harcèlement et d’entrave à la justice.
L’affaire éclate en 2006 alors que Moshé Katzav est encore président. Les trois plaignantes sortent du silence. L’une a travaillé au service de Katzav lorsqu’il était ministre du Tourisme (1996-1999), les autres sous sa présidence (2000-2007). Les noms des victimes n’ont pas été rendus publics durant l’enquête et le procès, les trois femmes sont désignées par leurs initiales : A, H et L.
Moshé Katzav, 65 ans, est reparti libre du tribunal mais il sait déjà qu’il dormira en prison à partir du 8 mai prochain, même s’il fait appel du jugement. A l’énoncé de sa peine, l’ancien président a dénoncé « la victoire du mensonge ». Durant toutes ces années, Moshé Katzav n’a cessé de clamer son innocence et de se dire victime d’un « lynchage organisé ».
De la gloire à la chute
Moshé Katzav est né à Yazd, en Iran, en 1945. Sa famille, juive, émigre en Israël lorsque naît cet Etat, en 1948. Moshé Katzav devient maire de Kyriat Malachi en 1969 ; à 24 ans, il est alors le plus jeune maire du pays. En 1977, il est élu député sous la bannière du Likoud, lorsque ce parti de droite remporte sa première victoire électorale. En 2000, la Knesset (le Parlement israélien) l’élit président pour sept ans, un titre largement honorifique en Israël. Moshé Katzav fut le premier président israélien de droite et le seul à ce jour (tous les autres étant issus du Parti travailliste), et le premier chef de l’Etat israélien né dans un pays musulman, fait significatif dans un pays longtemps dominé par une élite ashkénaze (originaire d’Europe).
Considéré comme politiquement modéré, Moshé Katzav apparaît comme un personnage consensuel jusqu’à ce que l’affaire ne vienne assombrir sa présidence. En pleine tourmente, l’intéressé demandera et obtiendra d’être suspendu de ses fonctions quelques mois avant la fin de son mandat, en 2007.