La révolution égyptienne au prisme des pays du bassin méditerranéen et du Moyen-Orient

Les réactions à la chute du désormais ex-président égyptien, Hosni Moubarak, vendredi 11 janvier 2011, se succèdent. Dans le bassin méditerranéen, au Moyen-Orient, de la Turquie au Maroc, en passant par Israël et les Territoires palestiniens et plus loin, l'Arabie saoudite, tour d'horizon avec nos correspondants.

Dans plusieurs pays du Moyen-Orient, la rue a célébré la départ de l'ancien président égyptien. En Jordanie, au Liban, au Qatar ou encore au Yémen, la nouvelle du départ de Hosni Moubarak, vendredi après-midi, a été accueillie par des manifestations de liesse.

Les réactions en Turquie

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

La réaction de Tayyip Erdogan colle quasiment mot pour mot à la déclaration du président Obama. Le souhait, par exemple, que les militaires transfèrent rapidement le pouvoir à une équipe «issue d’élections libres et justes» résonne mot pour mot avec celui du leader américain, tout comme l’attente d’une «démocratie authentique» pour Barak Obama, ou «démocratie constitutionnelle», pour M. Erdogan. Déjà il y a 10 jours, le chef du gouvernement turc était sorti de sa réserve avec audace, appelant Moubarak à entendre la voix du peuple et à organiser rapidement une transition démocratique ; c’était juste après une conversation avec Barak Obama.

Le Premier ministre turc dit aujourd’hui avoir soutenu depuis le début les revendications naturelles de démocratie et de liberté du peuple égyptien, un discours plutôt rare dans la région.

Comme les Etats-Unis, le chef de la diplomatie Ahmet Davutoglu salue lui un événement historique pour le peuple égyptien et toute la région, et félicite l’armée pour son discernement et sa retenue. Tout en souhaitant que l’effet domino dont tout le monde parle ait des effets positifs et non négatifs, c’est-à-dire qu’ils amènent plus de démocratie dans la région, sans la déstabiliser.

 

Du côté d'Israël, la priorité est de sauver l'accord de paix de 1979

avec notre correspondant à Jerusalem, Nicolas Falez

Israël espère une transition sans secousses en Egypte. C’est ce qu’a déclaré un officiel israélien sous couvert de l’anonymat au soir du vendredi 11 février. L’Etat hébreu est sans doute provisoirement rassuré par la transition égyptienne telle qu’elle se présente : continuité via l’armée et via le vice-président Souleimane. Une continuité de nature à préserver l’accord de paix de 1979 entre Israël et l’Egypte.

Ce scénario n’apaise pas toutes les craintes de l’Etat hébreu qui redoute de voir un pays ami devenir un pays ennemi. C’est ce qui s’est passé avec l’Iran. Si l’histoire devait se répéter avec l’Egypte, tout serait différent pour Israël, militairement, politiquement et économiquement.

Côté palestinien, des manifestations de joie ont éclaté à l’annonce du départ de Hosni Moubarak

Manifestations à Ramallah, en Cisjordanie, comme dans la bande de Gaza. Gaza où le Hamas qui contrôle le territoire parle du « début de la victoire ». Le Hamas palestinien est issu de la mouvance des Frères musulmans. Et désormais, il demande la levée immédiate du siège de la bande de Gaza. Le mouvement islamiste ne cache pas sa satisfaction de voir partir Hosni Moubarak qui incarne la paix avec Israël, la proximité avec les Occidentaux, et la participation égyptienne au blocus de Gaza.

 

En Tunisie, l'annonce du départ de Hosni Moubarak et donc de la victoire des occupants de la place Tahrir a provoqué une explosion de joie. La révolution du jasmin a fait une bouture. Reportage.

Au Maroc, l'heure de la révolution ne semble pas encore avoir sonné même si la situation en Egypte est suivie de très près, tant par l'homme de la rue que par les responsables politiques.

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