Nouveau chantier de colonisation à Jérusalem-Est sur fond d’impasse au Proche-Orient

L’Autorité palestinienne parle d’un geste « qui ruine tous les efforts pour un retour aux négociations », la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a dénoncé une « évolution préoccupante », l’Union européenne évoque « un obstacle à la paix » et condamne les travaux qui ont débuté ce dimanche 9 janvier 2011, dans la partie orientale de Jérusalem, pour construire un ensemble immobilier à destination de colons juifs, dans un quartier majoritairement peuplé d’arabes.

Le Shepherd Hotel offre désormais aux regards, l’image d’un bâtiment debout mais éventré. Les engins de chantier ont travaillé sous le regard de Palestiniens de Jérusalem et de militants israéliens de gauche qui, toute la journée, ont dénoncé le début des travaux sur le site d’un projet immobilier destiné à des familles juives, au cœur du quartier de Cheikh Jarrah, dans la partie orientale de la ville.

Le Shepherd Hotel a appartenu à la famille de l'ancien Grand mufti de Jérusalem Amine al Husseini, l’un des meneurs du soulèvement arabe des années 1930, et qui se rapprocha de l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale.

Confisqué par la Grande-Bretagne mandataire en 1945, le bâtiment a été saisi par Israël, après la conquête de Jérusalem-Est en 1967. La famille al Husseini n’a jamais pu le racheter et c’est l’homme d’affaires américain Irving Moskowitz qui en a fait l’acquisition en 1985. Mais il a fallu un quart de siècle de plus pour que ce milliardaire, ardent partisan de la colonisation juive de Jérusalem-Est, reçoive le feu vert de la municipalité pour lancer les travaux. Il projette la construction de 20 logements destinés à des familles juives.

Ce chantier est une nouvelle étape de la colonisation israélienne à Jérusalem-Est, dont la communauté internationale ne reconnaît pas l’annexion et que les Palestiniens revendiquent pour en faire la capitale de leur futur Etat. Le début des travaux au Shepherd Hotel intervient alors que les négociations sont dans le coma. La poursuite de la colonisation est jugée inacceptable par les Palestiniens qui refusent de reprendre le dialogue tant que l’Etat hébreu construit en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

Dans ce contexte, l’Autorité palestinienne se tourne progressivement vers des stratégies alternatives. Dans quelques jours elle présentera au Conseil de sécurité de l’ONU un projet de résolution condamnant la colonisation israélienne. Et puis, les Palestiniens n’ont de cesse d’engranger le soutien de nouveaux pays qui font le choix de reconnaître leur Etat, dernier en date : le Chili. Reste à savoir si cette multiplication de gestes forts mais sans traduction sur le terrain aura un retentissement autre que symbolique.

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