Avec notre correspondante à Riyad, Clarence Rodriguez
Trois ans de prison pour cette saoudienne tortionnaire. Un verdict contesté par un diplomate indonésien qui espérait sans doute quinze ans, la peine maximum.
Au-delà de cette condamnation, il faut surtout y voir une première victoire pour ces un million et demi de travailleuses domestiques embauchées par des familles saoudiennes. C’est en effet la première fois qu’un employeur tortionnaire, une femme de surcroît, est condamnée à une peine de prison.
Avant cette condamnation sans précédent, les poursuites pénales contre les employeurs abusifs existaient mais elles n’étaient pas suivies d'effet. Non seulement les tortionnaires n’étaient pas punis, pire ils s’arrangeaient pour accuser les domestiques de sorcellerie, de vols ou d’adultère, des faits sévèrement punis en Arabie saoudite.
Le travail des domestiques en Terre sainte de l’islam s’apparente davantage à de l’esclavage. C’est ce que dénonce depuis des années Human Rights Watch. L’organisation non gouvernementale continue d’exhorter les autorités saoudiennes à réformer le système du kafala (tutelle légale dans le droit musulman) ou parrainage. Ce système restrictif lie les visas des travailleuses à leurs employeurs, les empêchant même de travailler ailleurs ou de quitter le pays.
Sans compter que ces femmes, venues pour la plupart du Sri Lanka, Philippines ou Indonésie, doivent s’acquitter d’une forte somme d’argent versée à leur « parrain ».