Sur l’immense base aérienne d’Al Dhafra aux Emirats Arabes Unis, les batteries de missiles anti-missiles Patriot-PAC-3 couleur sable, sont déjà pointées vers l’Iran. La République islamique n’est qu’à quelques minutes de vol. Les Etats du Golfe savent qu’en cas d’attaque israélienne ou américaine contre les installations nucléaire iraniennes, les alliés des Etats-Unis dans la région feraient l’objet de représailles de la part de l’Iran. En 1990, après l’invasion du Koweit par l’Irak de Saddam Hussein, ce sont des troupes occidentales qui avaient dû intervenir pour protéger l’Arabie Saoudite et ses réserves de pétrole. Aujourd’hui le royaume saoudien et les émirats de la région souhaitent pouvoir répondre par leurs propres moyens à toutes menaces venant du Nord. En conséquence, ils se rééquipent massivement.
L’Arabie Saoudite vient de passer commande de 85 nouveaux F15S fabriqués chez Boeing à St-Louis dans le Missouri. Un avion bien connu des aviateurs saoudiens qui volent déjà depuis 30 ans sur ce type d’appareil. En théorie, en cas d’attaque iranienne, ces avions équipés de bombes de précision (JDAM), pourraient frapper profondément à l’intérieur territoire iranien pour mener des raids de représailles.
Bulle anti-missile
Dans une posture plus défensive, les Emirats Arabes Unis (EAU) souhaitent acheter des missiles THAAD fabriqués par Lockheed-Martin et Raytheon. Le dernier né des missiles anti-missile. Montés sur des camions, ils seraient capables d’intercepter tous les types d’engin pouvant être utilisés par l’Iran. Jusque-là, seule l’armée américaine en était dotée. Avec ces missiles, les petits Etats de la région, dont le sous-sol renferme les 2/3 des réserves mondiales d’hydrocarbure, souhaitent « cadenasser » leur espace aérien. Au large, dans le golfe Persique, des missiles anti-missiles pourraient également être utilisés depuis la mer.
Plusieurs pays arabes, étudient des solutions européennes comme les Frégates « Horizon » fabriqués par le groupe français DCNS. Dans le secteur de la défense aérienne, Abu Dhabi, utilisateur de « Mirage » depuis longtemps, serait sur le point de commander 63 avions de combat Dassault « Rafale » : un contrat de 6 à 8 milliards à comparer avec les 26 milliards d’euros que les EAU vont dépenser en quatre ans, pour acheter du matériel américain.
Dans la région, seul le Qatar semble échapper à cette course aux armements. Le pays compte sur le « bouclier » américain, puisqu’il accueille le quartier général des forces US dans le golfe Persique sur la base d’Al Udaid.
Menaces terroristes
Alors que l’industrie américaine de défense facture au prix fort ces dernières trouvailles technologiques, les riches Etats du Golfe, s’aperçoivent que leur outil de défense n’est pas bien adapté aux menaces dites « asymétriques ». Face à la guérilla chiite au Yémen, l’armée saoudienne a enregistré des pertes importantes fin 2009-début 2010 ; 109 morts. D’ailleurs dans le « package » de 52 milliards d’euros, d’armement, auquel le Congrès américain vient de donner son feu vert, on trouve l’achat de 178 hélicoptères et de drones armés Predator, les mêmes que ceux qui sont utilisés par l’armée américaine en Afghanistan.
Les Irakiens ne s’y sont pas trompés, alors que l’armée irakienne devra dans les années à venir, assurer seule, la sécurité du pays, Bagdad a, prioritairement, passé commande de véhicules blindés, de missiles anti-chars, d’hélicoptères et d’avions d’observation. Face au géant américain, discrètement Paris revient sur le marché irakien, autrefois l’un des plus rentables pour l’industrie française d’armement. Après avoir cédé à l’Irak du vieux matériel français, Eurocopter devrait livrer à partir de 2011, 24 hélicoptères flambant neufs pour un montant de 340 millions d’euros… Une goutte d’eau.