Par Nicolas Didier
C'est la télévision publique israélienne qui a révélé les deux clichés, lundi 16 août, provoquant un grand émoi dans l'Etat hébreu. On peut y voir une soldate posant tout sourire, aux côtés de détenus palestiniens les yeux bandés et les mains liées. L'ex-militaire israélienne, Eden Abergil, a initialement diffusé les photos sur son profil Facebook, dans un album intitulé « L'armée... La plus belle période de ma vie ».
Les images ont été prises dans une base militaire en 2008, près de Gaza. Dans un communiqué, Tsahal a dénoncé « le comportement honteux de la soldate ». Pour l'historien spécialisé dans les conflits contemporains Pierre Razoux, interrogé par RFI, ces actes sont « contraires aux normes en vigueur dans l'armée israélienne. Ces règles se fondent sur la notion de moralité et sur un emploi de la force légitime du point de vue des Israéliens, avec un respect de l'adversaire quelles que soient les circonstances ».
Eden Abergil a achevé son service militaire il y a un an, ce qui empêche toute sanction de l'armée à son encontre. Des poursuites auront lieu seulement si la justice civile se saisit de l'affaire. En Israël, la conscription dure au moins trois ans pour les hommes et deux pour les femmes.
L'ex-soldate a présenté ses excuses sur la radio militaire israélienne, mais dit ne pas comprendre le scandale, ni ce qu'elle a fait « de mal ». Elle estime qu'il n'y a eu de sa part « ni violence, ni mépris » et qu'elle n'a « porté atteinte à personne ».
L'affaire provoque une vive indignation de la part du Comité israélien contre la torture. Son directeur, Yishaï Menuchim, a estimé que ce comportement reflète « une attitude qui est devenue une norme : traiter les Palestiniens comme des objets et non des êtres humains ».
De son côté, l'Autorité palestinienne dénonce des photos humiliantes et appelle à mettre un terme à de telles pratiques. « Cela illustre la mentalité de l'occupant, fier d'humilier les Palestiniens », a affirmé Ghassan Khatib, son porte-parole.