« L’Afrique des possibles », par Laurent Bouit

Au fil du goudron, De Ouagadougou à Conakry, la route des possibles, le documentaire de Laurent Bouit diffusé ce 8 mars à 20h35 sur France 5, multiplie les exemples d’une Afrique positive. Un exercice de haute voltige en Afrique de l'Ouest, à l’image des prestations de ces gens du cirque filmés à Conakry. Lors de ce périple, le réalisateur nous fait entrevoir cette Afrique jamais en panne de solutions de l'urgence : récupération en tout genre, coopératives villageoises… Sans faire pour autant la louange du système D : le film n’occulte pas les difficultés du quotidien et la soif de démocratie de cette région si agitée. Et si fragile.

Il est cinq heures et Ouagadougou s’éveille. Ouaga pour les intimes. A partir de la capitale du Burkina Faso, le réalisateur Laurent Bouit prend la route pour rejoindre le Mali, puis la Guinée, pour Conakry. Caméra au poing, il part à la rencontre de celles et ceux qui refusent la fatalité des crises et du sous-développement.

C’est le cas des « brigades vertes » à Ouaga. Depuis près de vingt-cinq ans, Madame Kaboré et son équipe assurent la propreté des avenues. Une initiative devenue un service public de nettoyage modèle, aujourd’hui rémunérée par la municipalité. Deux matinées par semaine pour 37 000 francs CFA, soit une cinquantaine d’euros. Du haut de sa belle Yamaha V80, elle raconte qu’elle est très contente de payer ainsi les études de ses enfants.

Du côté des initiatives et de la créativité.

Au fil du goudron, La route des possibles multiplie les exemples positifs. Ainsi, cet atelier d’arts plastiques à Bobo Dioulasso, dont les œuvres des enfants exposées à Paris chaque année, permet par exemple de recueillir des fonds. Et depuis des années, des artistes burkinabè sont salariés de l’association « La Soupape Ailée », afin de maintenir l’atelier toute l’année.

Au sud du Mali, nous découvrons l’entraide entre réfugiés du nord et familles du sud. Madame Touré explique que la solidarité familiale a pris le relais d’un état défaillant. « Je les héberge par humanisme car aujourd’hui ce sont ceux du nord qui sont touchés, mais demain, ça peut être nous tous ici. »

L’état défaillant en Guinée, les routes défoncées, le bac pour traverser la rivière Sankarani, en panne depuis une semaine… Tout au long de ce voyage, le réalisateur a été confronté à de multiples problèmes - résolus par le système D !!
Mais le parti pris de ce film a été de se trouver du côté des initiatives et de la créativité.

Le parti de ceux qui ont soif de démocratie

Le film choisit aussi son parti : celui de ceux qui ont soif de démocratie. Comme on le découvre à Kankan, dans les cafés, où les discussions politiques sont le sport national – ou plutôt local. Où on voit le directeur de radio Kankan, Aladji Touré, qui synchronise ses images avec le son de RFI pour faire passer les infos !
Chauffeurs téméraires, femmes volontaires, sportifs talentueux, artistes rebelles… En 90 minutes, Laurent Bouit tord le cou à tous les clichés qui déforment la réalité africaine. Un parti pris assumé lors de cette ultime rencontre - de haute voltige - avec le cirque mandingue de Conakry. « La liberté, mais aussi la rage, l’espoir, la révolte, la fierté ou encore le courage. Voilà ce qui transpire des acrobates », nous dit le réalisateur de la route des possibles. La preuve par les images : époustouflantes !

De Ouagadougou à Conakry, la route des possibles, par Laurent Bouit. 84 min. Diffusion ce 8 mars à 20h35 sur France 5.

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