Les députés rwandais ont adopté le 30 octobre le projet de réforme de la Constitution en vue de permettre au président Paul Kagame de briguer un troisième mandat. Va-t-il organiser un référendum sur le sujet ?
Officiellement, ce n’est pas le président rwandais qui est à l’origine de la réforme de la Constitution lui permettant de se représenter en 2017. Paul Kagame ne s’est pas prononcé pour l’instant sur ses intentions, répétant qu’il ne briguerait un nouveau mandat que s’il était plébiscité par son peuple. Mais selon des observateurs, son parti, le Front patriotique rwandais, le FPR, dont il est le président, est en réalité à la manœuvre pour sa réélection, et la population instrumentalisée pour justifier cette réforme de la Constitution. Ce que les autorités démentent. Reste qu’après le vote de la Chambre des députés, pour être définitivement adoptée, la réforme de la Constitution doit passer par le Sénat avant d’être effectivement soumise à référendum, comme le veut la Constitution.
Pourquoi n’y a-t-il qu’un seul parti opposé au changement de la Constitution ?
Le Rwanda est régulièrement épinglé pour son manque d’ouverture politique. Les partis représentés au Parlement sont le FPR et ses alliés. Et effectivement, le Parti démocratique vert est le seul parti légalement enregistré à s’opposer à une telle réforme. Il faut cependant noter que dans le pays, deux autres partis y sont également opposés. Ces partis ne sont toutefois pas reconnus par le gouvernement et ne peuvent donc pas travailler. Il s’agit du parti de Victoire Ingabire, l’opposante condamnée en 2013 à quinze ans de prison notamment pour « minimisation du génocide » ; et celui de Bernard Ntaganda, un autre critique du régime qui vient de purger une peine de quatre ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ». D’autres membres de l’opposition en exil à l’étranger critiquent également ce changement constitutionnel.