Au bord de la rupture, l’Egypte et le Hamas détendent l’atmosphère

Appels sur l’actualité fait escale en Egypte, où la Cour d'appel a annulé, le 6 juin, un jugement datant du 28 février incluant le Hamas palestinien dans la liste des organisations terroristes. Elle a estimé que l'affaire ne relevait pas du tribunal des référés et que son jugement était nul, ainsi que toutes les conséquences en découlant. Le groupe islamiste a salué ce verdict, susceptible d'améliorer ses relations avec Le Caire.

Pourquoi l’Egypte avait-elle classé le Hamas comme organisation terroriste ?
Commençons par le commencement. Le 24 octobre, une trentaine de militaires sont tués dans un attentat au camion piégé dans le Nord-Sinaï, près de Rafah, à la frontière avec Gaza contrôlée par le mouvement islamiste Hamas. Ce dernier est accusé par les médias, citant des sources sécuritaires, d’avoir prêté main forte aux terroristes de l’organisation Ansar Beyt al Maqdess, devenue une branche du groupe Etat Islamique. Des avocats anti-islamistes déposent une plainte devant le tribunal des référés demandant que le Hamas soit classé sur la liste des organisations terroristes. Le 28 février, le tribunal leur donne gain de cause et ordonne aux autorités de classer le Hamas comme organisation terroriste, de fermer ses bureaux et de saisir ses avoirs. Légalement le gouvernement, qui n’a pas demandé de classer le Hamas comme organisation terroriste, se trouve donc obligé d’appliquer le jugement.

Comment expliquer l’annulation de ce jugement ?
Le gouvernement n’est pas d’accord avec le jugement du tribunal des référés sur le Hamas. Il interjette donc appel et, le 6 juin, une nouvelle cour annule la décision de justice prise par le tribunal des référés considérant le Hamas comme organisation terroriste. La cour d’appel estime que le tribunal des référés s’est prononcé dans une affaire qui ne relevait pas de ses compétences. Le jugement et toutes ses conséquences sont donc considérés comme nuls et non avenus. Le Hamas n’est donc plus une organisation terroriste.

Quelles sont les conséquences de ce verdict sur les relations entre l’Egypte et le Hamas ?
Si le premier jugement avait placé les relations entre l’Egypte et le Hamas au bord de la rupture, son annulation détend l’atmosphère. Mais il faut préciser qu’entretemps, des contacts officieux avaient eu lieu entre les autorités égyptiennes et le Hamas pour décrisper les relations extrêmement tendues depuis la destitution en juillet 2013 du président Frère musulman Mohamed Morsi. Rappelons que le Hamas, émanation des Frères musulmans, voulait que l’Egypte entrouvre le terminal de Rafah, seule frontière terrestre à ne pas être contrôlée par Israël. Et que l'Égypte ne considère plus le Hamas comme organisation terroriste. De leur côté, les autorités égyptiennes voulaient que le Hamas contrôle mieux les entrées de tunnels qui partent de Gaza vers l’Egypte et qui, selon des sources sécuritaires, étaient utilisés par les jihadistes du Sinaï. Il voulait aussi que le Hamas n’offre plus refuge à certains dirigeants Frères musulmans. L’accord semble avoir porté ses fruits. Le Hamas n’est plus une organisation terroriste et la frontière est entrouverte. Dans le Sinaï, il n’y a plus eu d’attentats majeurs et des dirigeants Frères musulmans que l’on disait réfugiés à Gaza ont été arrêtés au Caire.

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