Un drapeau pour la Terre verra-t-il le jour?

Un professeur en graphisme de Stockholm et ses étudiants ont imaginé un drapeau international pour les vols spatiaux qui pourrait aussi représenter la Terre lors des événements internationaux. Même si l’idée est bonne, le résultat ne fait pas l’unanimité.

« Quel drapeau planter quand le premier humain posera le pied Mars ? »  C’est pour répondre à cette question à la fois simple dans son objet et complexe dans sa réalisation qu’Oskar Pernefeldt, un jeune professeur suédois en graphisme, s’est mis à la tâche avec ses étudiants du Beckmans College of Design de Stockholm. Aidés par des scientifiques, des graphistes et aussi des entreprises privées comme Bsmart et LG Electronics, le prof et ses élèves ont fait circuler, il y a une dizaine de jours, le fruit de leur travail sur la Toile.

Il en ressort un drapeau tout bleu, d’aspect un peu « New Age »  avec, en son milieu, sept anneaux blancs reliés les uns aux autres pour former une figure qui n’est pas sans rappeler, en plus simple, la Fleur de vie, cette figure géométrique utilisée sur quantité d’œuvres sacrées à travers les siècles, des bas-reliefs assyriens aux rosaces des églises. Pourquoi sept ? Pour évoquer les sept continents, sachant que dans certains pays on considère l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud comme deux continents distincts et que l’on prend aussi en compte l’Antarctique. Quant à la couleur bleu, elle représente l’eau sans laquelle la vie ne serait pas possible sur Terre et qui recouvre 70% de la surface de notre planète. Tout est expliqué en détail dans le texte de la vidéo que nous avons traduit en bas de cet article.

Du pour et du contre

Pour Oskar Pernefeldt, l’instigateur du projet, il s’agit « d’un message envoyé aux hommes pour qu'ils prennent soin les uns des autres, et soin de notre planète », ainsi qu’il l’a confié au Figaro la semaine dernière. Le designer évoque également  « un message universel envoyé à la communauté internationale pour protéger l'environnement et appeler à la paix entre les communautés ». Oskar Pernefeldt estime que le « Drapeau international de la planète Terre » (son appellation officielle) pourrait être utilisé dans l’espace mais aussi lors de grands événements internationaux comme des conférences de la paix, les sommets sur le climat ou encore lors de manifestations sportives internationales comme la Coupe du monde de football.

Depuis sa mise en ligne sur la Toile, les réactions à ce drapeau ont été assez diverses et contrastées. Du côté des vexillologues – la vexillologie étant l’étude des drapeaux, pavillons et étendards – on salue dans l’ensemble l’initiative suédoise. Selon Roman Mars, un spécialiste américain, ce drapeau de la Terre respecte peu ou prou les cinq critères de base : faire simple, utiliser des symboles significatifs, deux ou trois couleurs maximum, pas de lettre ni de sceau et être distinctif. D’autres relèvent aussi qu’il a le mérite d’être beaucoup plus clair et simple que les tentatives précédentes effectuées depuis les années 1960.

Reste que le drapeau bleu fait naître également des réticences, autant sur le plan esthétique que symbolique. « « Les anneaux, ça fait très Jeux olympiques. C’est vrai que l’idée est belle mais je trouve ce drapeau un tout petit peu simpliste », observe par exemple Bénédicte Colpin, spécialiste en conception de design à Paris. « Et puis je trouve, poursuit-elle, qu’il n’y a pas beaucoup d’émotion dans cette fleur. C’est un peu sec et rigide. Il n’y a pas beaucoup d’humain là-dedans. La Terre, c’est l’espace mais c’est aussi ceux qui l’habitent ». « Moi, conclut-elle, je soumettrais plutôt un brief (un document définissant les objectifs en terme marketing, ndlr) autour de l’Homme ».

Mission impossible ?

Quoiqu’il en soit, l’idée est maintenant lancée mais, vu l’état du monde à l’heure actuelle, on ne voit pas bien à quelle occasion les États pourraient tomber d’accord sur un drapeau qui représenterait à la fois l’humanité dans son ensemble et la planète Terre dans sa totalité. Pour satisfaire chacun, il faudrait peut-être procéder à un vote aux Nations unies mais l’ennuyeux c’est que toutes les nations du monde (le Kosovo, Taïwan …) n’y siègent pas, ce qui est pour ainsi dire rédhibitoire. En attendant un hypothétique vote, il faudra donc se satisfaire de l’actuel drapeau de l’ONU qui avait été adopté après un vote en Assemblée générale en 1947. Celui qui l’avait conçu s’appelait d’ailleurs Oliver Lundquist, un Américain d’origine … suédoise.

 

Traduction : « A quoi pourrait ressembler le drapeau de la planète Terre ? Est-ce qu’il devrait représenter la planète elle-même ? Ou devrait-il être un symbole des habitants de la Terre ? Un rappel que nous devrions toujours rester unis ? Il devrait célébrer la vie en tant que telle. Nous rappeler que toute vie est connectée, d’une façon ou une autre.
Mais la vie ne serait pas possible sans eau sur Terre. Donc, il serait pertinent que le drapeau de la Planète bleue soit bleu. Mais quelle sorte de bleu ? Un tel drapeau serait principalement utilisé pour représenter la Terre dans l’espace. Il devrait être en contraste avec le noir sidéral. Et en contraste aussi avec le blanc du vaisseau et des tenues des spationautes sur lesquels il serait disposé. Un bleu trop clair disparaîtrait dans le blanc. Et un bleu trop sombre disparaîtrait dans le noir. Un bleu vif serait donc plus approprié.
Il y a un grand nombre de ratios et proportions différents pour les drapeaux. Il y en a quelques-uns qui seraient intéressants dans leur concept pour un tel drapeau. Par exemple, le ratio 1 par 1 forme un carré parfait qui convient parfaitement à un cercle, ou à une planète, si vous préférez. Le 5 par 8 est le ratio doré, un ratio mathématique qui apparaît dans de nombreuses représentations mystiques. Le ratio de drapeau le plus commun est le 2 par 3.
Toutes ces options ont été prises en considération durant le processus de conception du Drapeau international de la planète Terre. Ce drapeau nous rappelle que nous devons prendre soin les uns des autres, et de la planète sur laquelle nous habitons
 ».

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