«Afro Shonen», première revue de mangas au Cameroun

Brice Ludovic Bindzi est à l’initiative d’Afro Shonen, première revue dédiée au manga publiée au Cameroun. Un manga africain qui s'inspire du style des bandes dessinées d'origine japonaise. Sortie en décembre 2014, la revue est tirée à 1 000 exemplaires.

« Ma passion pour le dessin a été influencée par ma mère qui me promettait tous les soirs de m'emmener un jour visiter Euro Disney », lance Brice Ludovic Bindzi, 28 ans, quand on lui demande d'où lui est venu cet amour pour le dessin. Ce jeune Camerounais au parcours atypique a fait des études d’ingénierie à l'université de Granma à Cuba avant d’obtenir un DUT en génie thermique à l'IUT de Douala. Diplôme en poche, il aurait pu trouver un emploi mais il décide d’opter pour sa passion : la bande dessinée.

S’il continue à exercer en parallèle son métier d’ingénieur, Brice participe à la promotion du 9e Art au Cameroun à travers New Era Publishers (la maison qui édite Afro Shonen). « Notre projet, explique-t-il, ambitionne de créer le Disney africain et d'offrir le meilleur package de divertissements pour enfants et adolescents en Afrique : jouets, jeux, contenus. » Un projet qui ne concerne donc pas que la BD et dont est issue – en attendant – la revue Afro Shonen.

La BD présente depuis longtemps en Afrique

Le but de Brice Ludovic Bindzi est de mettre en avant les « bédéistes » africains : aucune revue ne s’est vue confier cette mission au Cameroun. « Je m'inspire des valeurs d'égalité et de paix entre les peuples, explique-t-il pour décrire le contenu d’Afro Shonen qu’il dirige. Je voudrais qu'on puisse s'éloigner des stéréotypes qui veulent que les Africains ne soient cantonnés qu'à des histoires africaines. Cependant, la majorité de nos personnages centraux sont des Noirs. Notre style est hybride, car inspiré de plusieurs influences ».

La BD est présente depuis longtemps sur le continent. L’auteur Barly Baruti avait lancé en 1991 le premier Salon de la bande dessinée à Kinshasa. Et en 1998, les premières Journées africaines de la bande dessinée (JABD) ont eu lieu à Libreville, reconduites l'année suivante. En 2001, le festival Coco bulles a aussi vu le jour à Abidjan. Des manifestations tombées dans l'oubli, faute d'un véritable engouement de la population, qui n'a jamais considéré la BD comme un produit culturel à part entière. Sur le continent, ses lecteurs sont peu nombreux et ses auteurs ont toujours aussi peu de moyens.

La bande dessinée africaine est donc loin d’avoir atteint une renommée mondiale. La seule exception sur le continent tient en une onomatopée : Gbich ! – qui reproduit « le bruit d'un poing sur la joue ». Le journal satirique qui emploie quinze auteurs à plein-temps a publié plus de 300 numéros et diffuse chaque semaine 20 000 exemplaires.

Quant à Afro Shonen, son activité est bien sûr loin d’être rentable, mais Brice Ludovic Bindzi garde espoir : « Nous sommes encore en phase de lancement... »
 

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