Equateur et Pérou, deux pays qui reviennent de loin…

Il y a seize ans à Brasilia, la signature d’un accord de paix mettait fin à un siècle et demi de conflits frontaliers entre l’Equateur et le Pérou. Le dernier en date a eu lieu entre janvier et février 1995 dans la vallée amazonienne du haut Cenepa. Les deux pays reviennent de loin…

Il y a à peine 20 ans, les Equatoriens parlaient des Péruviens comme des « gallinas », des poules, des lâches. Les Péruviens de leur côté parlaient des Equatoriens comme des « monos », des singes… C’est un ressentiment qui venait de l’époque de l’indépendance, dès 1832, dû à des revendications territoriales, notamment dans la région amazonienne.

Deux pays pourtant si proches...

Ces deux pays voisins partagent une même histoire, une même langue, une même religion. Ce sont deux pays qui font partie des mêmes processus d’intégration, que ce soit le Pacte Andin ou aujourd’hui l’Union des nations du Sud, l’Unasur. Et pourtant ces deux pays se sont affrontés violemment pendant sept semaines en 1941, puis en 1981 et enfin en 1995.
Le bilan du dernier conflit a été lourd : plusieurs centaines de morts, surtout du côté du Pérou qui a également perdu des avions de chasse, des hélicoptères.

Beaucoup de personnes ont été blessées et amputées des deux côtés, suite à l’utilisation massive de mines terrestres autour des bases équatoriennes comme Tiwintza, que l’armée péruvienne n’a pas réussi à reprendre. Début octobre, 103 ex-soldats équatoriens blessés lors du conflit ont d’ailleurs exigé d’être reconnus comme des héros nationaux auprès du Conseil de participation citoyenne et contrôle social. Le Conseil avait fait connaître peu avant une liste de quelques 150 héros mais de nombreux anciens combattants s’estiment lésés de ne pas avoir été choisis.

Les séquelles ne s’effacent pas si facilement, mais aujourd’hui, il n’y a plus de différend territorial entre les deux pays. La frontière a été fermée là où le Pérou le demandait, sur la Cordillère du Condor. Toute la vallée du fleuve Cenepa est aujourd’hui péruvienne. Lors de la signature du traité de paix le 26 octobre 1998, l’Equateur a obtenu la propriété d’un kilomètre carré autour de la base de Tiwintza, là où les combats les plus durs avaient eu lieu.

Des relations économiques normalisées

Les relations économiques entre les deux pays sont au beau fixe. La fermeture définitive de la frontière a provoqué la cicatrisation d’une plaie qui envenimait les relations à tous niveaux. Aujourd’hui, on voit bien que le tourisme par exemple s’est considérablement développé. Plus de 200 000 Equatoriens ont visité le Pérou l’an dernier, c’est une augmentation de 18% par rapport à 2012. En 15 ans, plus d’un milliard d’euros de capitaux équatoriens ont été investis au Pérou, dans le pétrole, la mine, le commerce, la finance et les aliments. Les relations économiques entre les deux pays risquent de prendre un nouvel essor puisque Quito, après Lima, vient de signer un accord commercial avec l’Union européenne. La guerre c’était il y a à peine 20 ans mais cela paraît bien loin aujourd’hui.

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