La lutte contre le recrutement d’enfants soldats progresse lentement

Dix ans après l’entrée en vigueur du protocole concernant la participation des enfants aux conflits armés, la question demeure d’une cruelle actualité. A l’occasion de la Journée internationale des enfants soldats de ce dimanche 12 février, l’Unicef estime qu’environ 300 000 enfants sont actuellement mêlés à une trentaine conflits à travers le monde.

Si la Convention relative aux droits de l’enfant adoptée par l’ONU remonte à 1989, celle concernant l’implication des enfants dans les conflits armés est plus récente. Rédigé en 2000, le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant est entré en vigueur voilà exactement dix ans, le 12 février 2002. Il est destiné à mener des actions contre l’utilisation, devenue malheureusement très répandue, d’enfants soldats, le plus souvent enrôlés de force ou enlevés, des proies faciles à endoctriner et le plus souvent inconscientes du danger.

« Liste de la honte »

Concrètement, le texte de l’ONU interdit la participation d’enfants de moins de 18 ans aux conflits et exige des Etats qu’ils portent à 18 ans l’âge du recrutement obligatoire. Les sanctions contre les Etats ou contre les groupes armés enfreignant le protocole peuvent aller jusqu’à l’interdiction d’exporter ou de fournir des armes, l’interdiction d’apporter une assistance militaire. Ces sanctions comprennent également des restrictions de déplacements pour les responsables ainsi que la restriction des flux de ressources financières pour les contrevenants.

Même si cette lutte s’avère extrêmement difficile à mener, le Conseil général de l’ONU a accru un peu plus la pression sur les coupables quand, en 2008, il a dressé une « Liste de la honte » qui identifiait les Etats et les groupes armés qui ne respectaient pas le protocole. Parmi eux : les shebabs en Somalie, les talibans en Afghanistan, les forces armées de RDC, al-Qaïda en Irak, le gouvernement somalien de transition, ainsi que des groupes rebelles en Colombie, aux Philippines, au Sri Lanka, au Tchad, en Ouganda, au Soudan...

L’année 2011 aura d’ailleurs marqué une étape importante dans cette lutte avec le procès de l'ex-chef de milice Thomas Lubanga, accusé de crimes de guerre pour l'enrôlement d'enfants soldats en RDC (entre 2002 et 2003) à la Cour pénale internationale de La Haye. Ce procès était une première et son jugement aura lieu cette année. En plus de faire condamner les responsables, l’ONU doit aussi se charger de la réinsertion des enfants soldats via l’Unicef, une tâche qui, là aussi, s’avère extrêmement difficile.

Difficile réinsertion

D’après l’Unicef, entre 250 000 et 300 000 enfants, certains recrutés dès l’âge de 10 ans, seraient actuellement engagés dans une trentaine de conflits à travers le monde. En 2010, l’organisme a pris en charge 11 400 enfants soldats et 28 000 autres « enfants vulnérables » affectés par des conflits armés. Reste que leur retour à une vie normale s’avère extrêmement complexe compte tenu de la somme d’épreuves qu’ils ont enduré. « Il est important qu’ils aient un projet de vie clair », souligne Murhabazi Namegabe, directeur d’un centre situé au Sud-Kivu, en RDC. « Et, ajoute-t-il, qu’ils bâtissent des rêves, des rêves réalisables ». Des rêves pour oublier le cauchemar de la guerre.

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