Attentats: le recueillement et le deuil au centre de Paris

Plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées samedi, place de la République à Paris pour se recueillir au lendemain des attaques du vendredi 13 novembre, et malgré l'interdiction de manifester décrétée par la préfecture de police. Ce dimanche débute un deuil national de trois jours.

Samedi après-midi, le socle de la statue de la place de la République s’est garni de fleurs, souvent blanches et de feuilles de papier sur lesquelles des messages ont été écrits à la main, rapporte notre journaliste Nicolas Falez. Sur l’une d’elles, on pouvait lire ces mots : « Une grosse pensée pour toi Jean-François. Repose en paix. »

Un hommage à l’une de ces victimes des attaques de vendredi soir. Après avoir déposé une fleur, une étudiante confie qu’elle tenait absolument à venir pour accomplir ce geste symbolique. « Je devais sortir hier soir, disait-elle. J’aurais pu être l’une des victimes. »

Un autre habitué du quartier, venu lui aussi déposer une fleur sur la place, estime que la meilleure réponse à donner au terrorisme, c'est de continuer à vivre et à mener le même mode de vie : « On a bien senti qu’on était visé directement. C’est chez nous, ce sont les endroits où on va manger, où on va boire, où on va écouter de la musique. Je pense qu’il faut montrer qu’on est là, qu’on est unis et qu’on n’a pas peur surtout. »

A intervalles réguliers, des policiers s’approchent à leur tour de la statue. Ils invitent les gens à quitter cette place de la République, courtoisement, mais fermement, car les rassemblements ne sont pas autorisés actuellement à Paris, et ce pour plusieurs jours. Tout cela se fait dans le calme et dans une atmosphère étrange. Notamment parce que cette statue et son socle sont encore couverts d’inscriptions laissées là en janvier dernier après les attentats à Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher et lors de l’immense manifestation qui avait suivi, le 11 janvier.

« Pas de demi-mesures »

Dans le Xe et le XIe arrondissement de Paris, là où se sont déroulées les attaques, de nombreuses personnes sont venues se recueillir. Comme cette habitante du quartier : « On pense aux gens qu’on croisait tous les soirs : le patron de la pizzeria par exemple, les serveurs du café (…) On a déjà en tête qu’on peut avoir un attentat n’importe où, maintenant quand ça vous touche dans votre quotidien, là où vous habitez, c’est sûr que cela a une dimension beaucoup plus réelle (…) J’ai la chance de ne pas voir de scènes horribles. C’est ce mouvement de foule qui me reste plus, tous ces gens qui étaient paniqués. »

Un peu plus loin, rue Bichat, Solène est, elle, inquiète quant aux suites à donner à ces attaques meurtrières : « Comme on l’a vu avec Charlie Hebdo, il y a tout de suite un sentiment d’unité nationale, et puis qui s’évapore très vite. Je pense qu’il va falloir faire attention entre ne pas prendre des demi-mesures comme on le fait à chaque fois et en même temps ne pas rentrer dans l’extrême. »

En deuil pour la deuxième fois

Samedi après-midi, c‘est une toute petite foule bien différente qui se serre au même endroit dans le silence, au milieu de cette place de la République en deuil pour la deuxième fois cette année.

Les forces de sécurité intérieure sont mobilisées pour « assurer la sécurisation générale de l'agglomération » et « ne peuvent être distraites de cette mission prioritaire pour assurer la sécurité spécifique des cortèges ou des rassemblements », a justifié le préfet de police, Michel Cadot, dans l'arrêté d'interdiction des manifestations.

Le deuil national annoncé samedi par le président François Hollande pour une durée de trois jours, après les attentats sanglants de la veille au soir à Paris et en proche banlieue, est une décision exceptionnelle en France. C'est seulement la sixième fois (1) qu'une telle mesure est décrétée sous la Ve République. Durant le deuil national, les drapeaux sont mis en berne et hissés à mi-mât sur les édifices publics et les administrations peuvent être fermées. Cette décision est prise par décret signé par le chef de l'Etat.

Un deuil national peut être accompagné d'obsèques nationales, notamment lorsqu'il s'agit du décès de personnes héroïques ou de personnalités ayant exercé un rôle moral, politique ou social important dans le pays. Le dernier deuil national en France remontait au début de l'année, le 8 janvier, en hommage aux douze personnes tuées dans l'attentat survenu la veille à Paris contre Charlie Hebdo.

(1) En dehors de cette année, un deuil national avait été observé le 12 novembre 1970 après la mort de Charles de Gaulle, le 2 avril 1974 après le décès de Georges Pompidou, le 8 janvier 1996 après la disparition de François Mitterrand et le 14 septembre 2001 après les attentats du 11-Septembre aux Etats-Unis.

(Avec agences)

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