Carnage à Paris: la solidarité des Américains

Les attentats qui ont frappé la capitale française vendredi soir ont ému le monde entier. De très nombreux responsables politiques ont condamné ce carnage, qui a fait au moins 128 morts et environ 300 blessés, dont 80 se trouvent dans un état « d'urgence absolue ». Aux États-Unis, la réaction est double : il y a les déclarations officielles et les réactions des Américains ordinaires. Les deux ont ceci en commun : elles témoignent d’une profonde sympathie pour les Français en ces heures tragiques.

Le président Barack Obama, qui avait été informé par sa conseillère pour la Sécurité intérieure, Lisa Monaco, peu après le début des attentats, s’est rendu dans la salle de presse de la Maison Blanche vendredi pour s’adresser à la nation et exprimer son soutien à la France, évoquant en français la devise républicaine : Liberté, Egalité, Fraternité.

Il s'est également engagé à apporter son aide pour traduire les terroristes en justice, explique le correspondant de RFI à Washington, Jean-Louis Pourtet. Le président américain avait eu quelques heures plus tôt un entretien téléphonique avec le président de la République pour parler du G20 qui se tient ce weekend en Turquie. Il n’a pas voulu le rappeler au moment des attentats, jugeant qu’il le dérangerait alors qu’il devait gérer la crise.

Le vice-président Joe Biden a lui aussi, dans un communiqué, adressé ses condoléances aux familles des victimes et déclaré que face au danger, comme dans le passé, Français et Américains prendraient soin les uns des autres : « Nous nous tiendrons côte à côte : nous ne plierons pas. Nous ne nous inclinerons pas. »

John Kerry a également envoyé depuis Tunis un message en ce sens, réitérant la longue amitié franco-américaine. Année électorale oblige, les candidats à la Maison Blanche ont également exprimé sur Twitter, leur sympathie envers les Parisiens : notamment Hillary Clinton, exprimant « son horreur », Donald Trump, qui tient « les Parisiens dans ses prières », ou encore Jeb Bush.

« Nous sommes avec vous »

Beaucoup d'Américains ont adressé de nombreux messages de sympathie : « Nous sommes avec vous ». « Nous partageons votre peine ». Il y a la même expression de solidarité que celle qu'avaient manifesté les Américains après les attaques de janvier. Une tristesse sincère. Les bouquets de fleurs s'amoncellent devant l'ambassade de France.

A New York, l’émotion est très vive parmi la communauté française, mais aussi chez les Américains, très touchés par les attaques terroristes du 11-Septembre 2001 et pour qui cette attaque sanglante rappelle de douloureux souvenirs, comme l'a constaté notre correspondante à New York, Marie Bourreau.

Deux rassemblements sont prévus. Le premier a déjà rassemblé une cinquantaine de personnes à Union Square et a pris la forme d’une veillée avec des bougies allumées autour du drapeau français. Le maire de New York, Bill de Blasio, a exprimé sa solidarité envers les Parisiens et envers son homologue Anne Hidalgo.

« Le 11-Septembre des Français »

Les médias américains ont couvert l’événement d’une façon intensive, surtout les chaînes d’information en continu. Ces dernières, dès le début des attentats, ont commencé une couverture non-stop. Ils ont pour la plupart utilisé les images des chaînes françaises : France 24, BFM-TV ou France 2. Ils ont aussi eu recours à des reporters français parlant anglais.

La presse américaine est rarement très tendre avec les Français ; on parle du fameux « french bashing ». Mais aujourd’hui, l’émotion est partagée. Le New York Times fait sa Une de samedi sur l’attaque. Le journal décrit en détail les faits qui se sont déroulés mais laisse aussi entendre que ces attaques auraient eu lieu alors que l’attention des services de sécurité français se serait relâchée, après les attaques contre Charlie Hebdo en janvier dernier.

Le Washington Post décrit des scènes de guerre et titre : « Massacre en plein Paris ». Les journalistes racontent ce moment de choc, le silence, la vie qui semble s’arrêter avec des rues désertes. Et un bain de sang, « le plus terrible qu’ait connu Paris depuis la Seconde Guerre mondiale », cite le journal.

Au-delà du factuel, ce que l’on entend souvent dire outre-Atlantique, c’est que ce qui vient de se passer à Paris est « le 11-Septembre des Français ». Les analystes notent la compétence des agresseurs qui ont su monter une opération de cette envergure sans se faire repérer, et s’interrogent sur ceux qui l’ont organisée : est-ce le groupe Etat islamique ou al-Qaïda ? La critique la plus fréquente reste : comment est-ce possible qu'aucun des services de renseignement, qu’ils soient français, américains ou autres, n’ait réussi à détecter ce qui se tramait.

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