Selon des informations de l'AFP et du New York Times, confirmées jeudi par le parquet de Düsseldorf, un seul pilote était présent dans la cabine de pilotage au moment du crash. Dans les enregistrements de la boîte noire, on entendrait le bruit d’un des sièges qui recule, une porte qui s’ouvre et se referme, des bruits indiquant qu’on retape à la porte. Il s’agit sans doute de ceux faits par l’un des pilotes parti aux toilettes ou chercher un café qui tambourine puis essaie de briser cette porte. Aucune voix n’est entendue jusqu'à l’arrêt de l’enregistrement, c'est-à-dire jusqu’au moment ou l’Airbus se fracasse sur la montagne des Alpes.
A partir de ces hypothèses, quels sont les scénarios crédibles pour tenter d’expliquer le crash ? Le premier : le malaise du pilote resté dans le cockpit. Cela s'est produit en d’autres circonstances et expliquerait l’absence de réponse aux interpellations lancées de l’autre côté de la porte. Mais ça ne justifie pas pour autant la descente de l’avion, car en vol de croisière, ce qui était le cas, le pilote automatique gère la trajectoire et l’altitude de l’appareil. Il est de plus nécessaire que le commandant tourne un bouton devant lui pour demander une autre altitude au pilote automatique.
L'hypothèse du suicide
La seconde hypothèse : le suicide. C’est arrivé au moins trois fois. En 1994, un avion de la Royal Air Maroc s’écrasait près d'Agadir entraînant la mort des 43 passagers et de l’équipage, dont le pilote qui avait décidé de mettre fin à ses jours en précipitant son ATR vers le sol.
En 1999, le vol 990 Egypt Air reliait Los Angeles au Caire quand il s’est abîmé dans l'océan Atlantique tuant les 217 personnes à bord. L'enregistreur phonique de la boîte noire a révélé que le pilote était sorti du cockpit pour aller aux toilettes. On entend alors son copilote dire « Je me confie à dieu », des coups sourds sur la porte de la cabine et une voix suppliant le commandant d’ouvrir.
Plus récemment, en novembre 2013, le vol 470 LAM Mozambique Airlines reliait le Mozambique à l’Angola. L’appareil s’écrase dans le nord de la Namibie, coûtant la vie aux 33 occupants. L’enquête a conclu que le commandant de bord a volontairement crashé l’avion.
Suicide ou action terroriste ? La question se pose lorsqu'on observe la trajectoire de l'avion. Pourquoi cette descente, rapide certes, 1 000 mètres par minute, mais pas en piqué comme l'aurait fait un kamikaze. Pourquoi aussi ne pas revendiquer clairement son acte comme cela devrait se produire en cas de revendication ? Il sera intéressant de savoir si la mise en descente de l’avion intervenue à 10h31 correspond à la minute où l’un des pilotes est sorti de la cabine de pilotage. Ce qui confirmerait une intention dramatique.
Cockpit « sancuarisé »
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les portes des cockpits sont quasiment blindées pour éviter toute intrusion de pirates de l’air ou de kamikazes. Il s’agit de « sanctuariser » le cockpit avec une porte renforcée impossible à défoncer alors qu’avant, elle était semblable à celle des toilettes : légère pour économiser du poids.
Un système de digicode permet également de sécuriser la cabine. Toute personne qui veut y pénétrer (généralement le chef de cabine qui travaille avec les pilotes ou une hôtesse de l’air qui doit régulièrement les visiter pour s’assurer qu’ils vont bien) doit taper sur le clavier huit chiffres suivis de dièse pour se signaler. Une sonnette retentit dans le cockpit. Sur un écran, le pilote voit qui l’appelle grâce à deux caméras, l’une braquée sur la personne qui sollicite l’entrée, l’autre en contrechamp pour voir si elle est suivie.
Si le pilote ne peut ou ne veut pas ouvrir l'accès, il faut alors composer un code d’urgence et 30 secondes plus tard, la porte s’ouvre. Taper ce code déclenche une alarme sonore dans le poste. Ainsi averti, le pilote peut verrouiller électriquement, avec un bouton, cette porte. Laquelle est close pour une durée de dix minutes. Si le pilote veut interdire complètement l’accès, il lui faut alors se lever de son siège et clore mécaniquement la porte en tirant un simple loquet. A ce moment, il n’y a presque plus rien à faire puisque la porte est renforcée. Presque, car un pied de biche destiné à l’équipage pour intervenir rapidement dans des logements en cas de feu est dissimulé dans l'avion.
Le procureur de la République de Marseille en dévoilera peut-être un peu plus à la mi-journée. Il tiendra une conférence de presse pour faire le point sur les avancées de cette enquête à l’aéroport de Marseille Marignane.