Une reconnaissance qui survient après des années d'oubli pour Szlama Grzywacz, et survient à l'occasion d'un colloque organisé au Sénat sur le rôle des Arméniens, Polonais et Espagnols dans la Résistance française.
Jean-Pierre Sakoun, président de l'association Unité Laïque, à l'origine de ce colloque, salue cette reconnaissance et espère surtout qu'elle ouvrira la voie à la panthéonisation prochaine de Missak Manouchian. Il a signé dans le quotidien Libération avec l'historien Denis Peschanski, spécialiste de l'occupation, une tribune intitulée « Derrière la panthéonisation de Missak Manouchian, l’armée des ombres des étrangers morts pour la France ».
Figure emblématique qui a inspiré la chanson L'Affiche rouge de Léo Ferré sur un poème de Louis Aragon et plusieurs biographies y compris au cinéma, ce résistant arménien commandait un groupe de résistants exécutés le 21 février 1944 au Mont-Valérien et dans lequel figurait Szlama Grzywacz. Sur les 25 hommes fusillés, 22 dont Manouchian lui-même appartenaient à l'organisation FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans - main-d'œuvre immigrée). Ils étaient Juifs, Arméniens, Polonais, Hongrois, Espagnols ou encore Italiens...
Et « la place des étrangers est au cœur des enjeux de mémoire »,rappellent Jean-Pierre Sakoun et Denis Peschanski dans leur tribune.
« Missak Manouchian est une parfaite illustration de cet idéal »
« Voilà, justice est faite, se réjouit Jean-Pierre Sakoun, au micro de Baptiste Coulon du service France. C’est-à-dire qu’il ne s’agissait pas d’une volonté de ne pas reconnaître ce mort pour la France, simplement de réparer un oubli ou une négligence, quelque chose qui est resté en l’air et qui n’a jamais été réglé. Et je crois que c’est un acte fort qui nous conforte dans l’idée que Missak Manouchian, représentant de tous les étrangers morts pour la France, a sa place au Panthéon.
Nous attendons avec espoir l’annonce de cette entrée au Panthéon. Aujourd’hui, nous nous posons la question de qui nous sommes : on nous parle d’identité, de religion, on nous parle d’un tas de choses. Non. Un Français c’est quelqu’un qui décide de l’être. Et décider d’être Français, c’est décider de défendre la liberté, l’égalité, la fraternité, l’universalisme, la langue et la littérature, les auteurs de ce pays, et tous nos idéaux qui font qu’on est un pays un petit peu particulier, qui lorsqu’il se hisse au niveau qui doit être le sien est plus haut que lui-même.
Et Missak Manouchian est une parfaite illustration de cet idéal. »
C'est au président de la République Emmanuel Macron que revient la décision de cette panthéonisation. Des élus, dont la maire de Paris Anne Hidalgo, réclament cette panthéonisation.