« Il nous faut réagir » car la situation est « préoccuppante », a d'emblée déclaré Emmanuel Macron. Face à la recrudescence des cas et l'augmentation inquiétante du nombre de patients dans les services de réanimation, le président de la République a annoncé qu'un couvre-feu de 21h à 6h allait entrer en vigueur à partir de samedi 17 octobre à minuit et ce pour quatre semaines en Ile-de-France et dans huit grandes métropoles.
Les métropoles de Lille, Grenoble, Lyon, Aix-Marseille, Montpellier, Rouen, Toulouse et Saint-Etienne sont également concernées par cette mesure que le chef de l'Etat entend étendre jusqu'au 1er décembre, si le Parlement l'autorise. Emmanuel Macron a notamment prévenu qu'il nous faudrait probablement vivre « jusqu'à l'été 2021 au moins avec le virus ».
Pas de restrictions de transport
Il n'y aura cependant pas de restriction de transport lors du couvre-feu nocturne, a affirmé Emmanuel Macron, car « il y a des gens qui continueront à travailler la nuit, ou en soirée, ou le matin tôt ». « Nous n'avons pas décidé de réduire les déplacements entre les régions », a ajouté le chef de l'État.
Emmanuel Macron a par ailleurs promis des aides supplémentaires aux secteurs économiques qui seront affectés par le couvre-feu, comme la restauration, les théâtres, les cinémas et l'événementiel. Il a également conseillé aux Français de ne pas se rassembler dans des lieux privés à plus de six personnes hors du cercle famillial.
Rien de nouveau en revanche sur la question du télétravail. Le président préconnise deux à trois jours de télétravail par semaine mais n'a pas souhaité imposer quoi que ce soit aux entreprises, estimant que cela pouvait se montrer contre-productif.
Une augmentation du nombre de patients en réanimation
Les derniers chiffres montrent encore une augmentation globale du nombre de personnes en réanimation, qui sont aujourd'hui 1 633 pour une capacité actuelle nationale d'environ 5 000 lits, et 84 décès en 24 heures, avec un bilan global de près de 33 000 morts en sept mois. Rien que mercredi, le pays a enregistré 22 591 contaminations par le nouveau coronavirus en 24 heures, pour un total de 779 063 cas confirmés d'infections en France depuis le début de l'épidémie.
Les nouvelles restrictions s'inscriront dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire que le gouvernement a rétabli ce mercredi par décret. Il entrera également en vigueur à partir du 17 octobre à minuit sur l'ensemble du territoire national. L'aggravation de l'épidémie « justifie que l'état d'urgence sanitaire soit déclaré afin que les mesures strictement proportionnées aux risques sanitaires encourus et appropriées aux circonstances de temps et de lieu puissent être prises », indique le compte-rendu du Conseil des ministres.
« Fermeture déguisée »
Les professionnels de l'hôtellerie et de la restauration voient dans le couvre-feu annoncé par Emmanuel Macron une « fermeture déguisée » de leurs établissement. Cette décision est « lourde de conséquences pour le secteur (...) déjà durement frappé par cette crise », écrivent dans un communiqué commun le Syndicat de la restauration thématique (SNRTC), l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih), le Groupement des indépendants hôtellerie et restauration (GNI) et le Groupement national des chaînes hôtelières (GNC). « Cette nouvelle contrainte horaire, qui condamne le service du soir, a pour conséquence pure et simple d'obliger nos restaurants à fermer », estiment les professionnels du secteur.
Au sein de la classe politique, les premières réactions sont mitigées. Là où le député LREM de la majorité Gilles Le Gendre voit « une mesure de sagesse » et son collègue Les Républicains des Alpes-Maritimes Eric Ciotti « une mesure forte et indispensable », le numéro 2 des LR Guillaume Peltier dénonce, lui, des décisions absurdes, tout comme le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon.
Manque d'anticipation
D'autres traduisent ces annonces comme la conséquence de l'impréparation gouvernementale. « Les Français paient cher la gestion erratique de la crise par le gouvernement », déplore ainsi le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure. Pour le député PS Boris Vallaud, « c'est un manque d'anticipation et de cohérance. Entre mai et aujourd'hui, le sentiment c'est que nous avons a certains égards raté la préparation de cette seconde vague qui avait été anonncée par le Conseil scientifique ». « Les Français et des pans entiers de notre économie vont payer l'incurie de Macron et de ce gouvernement ! », abonde le député européen du Rassemblement national Thierry Mariani.
Même sentiment de gâchis pour Patrick Pelloux, le président de l'Association des médecins urgentistes de France. « On sent que le président a compris la gravité de la crise, mais il ne prend pas la mesure de la crise hospitalière. Et on doit paralyser le pays parce que les hôpitaux manquent de lits », a-t-il déploré. « Il ne répond pas à la priorité qui est de rouvrir des lits à l'hôpital ».