Comme d'autres pays en Europe, la France prépare le déploiement de la prochaine génération de technologie mobile en plein milieu d'une tempête géopolitique autour du premier équipementier mondial.
Contrairement aux autorisations accordées pour les concurrents de Huawei, Ericsson ou Nokia, une grande partie de celles délivrées jusque-là pour le premier équipementier mondial ont été limitées à trois ou cinq ans.
Selon trois sources proches du dossier citées par Reuters, les pouvoir public ont informé les opérateurs télécom que ces autorisations ne seraient pas reconductibles. Une position évoquée lors de discussions informelles, mais qui pour l'instant n'a pas été couchée sur papier. Une fois ces autorisations expirées, les opérateurs devront donc nécessairement abandonner Huawei.
Sortie progressive de Huawei des réseaux 5G
Pour décourager SFR et Bouygues Telecom (qui utilisent Huawei sur 50 % de leur réseau 4G) de continuer avec l'équipementier chinois, l'Anssi a délivré aux deux opérateurs des autorisations temporaires plus courtes que le maximum légal de huit ans. Cependant, pour ces opérateurs, une durée courte signifie déjà un refus implicite.
D'un point de vue technique et surtout économique il est difficile de choisir un équipementier pour quelques années seulement quand un réseau télécoms a une durée de vie d'au moins quinze ans. Dans ces conditions, aucun opérateur ne prendrait le risque d'investir dans un nouvel équipement qui ne sera pas amorti avant au moins huit ans.
Ces limitations auront pour conséquence dans les faits une sortie progressive de Huawei des réseaux 5G en France à l'horizon 2028 en raison de la brièveté des autorisations accordées.
Dans les pas de la Grande-Bretagne
Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, assurait ce mardi que tout en veillant à la sécurité nationale, « il n'y aurait pas d'interdiction globale de Huawei en France ». Le ton semble avoir changé. Et l'air ressemble au revirement de Londres. Le gouvernement britannique a annoncé la semaine dernière qu'il allait exclure le géant chinois de son réseau 5G d'ici 2027.
Les Européens sont également soumis depuis des mois à de fortes pressions de l'administration Trump pour qu'ils ne donnent pas accès à Huawei. Les États-Unis soupçonnent Huawei d'utiliser ses équipements à des fins d'espionnage, ce que le groupe et Pékin démentent, et pressent leurs alliés d'interdire le fabricant.
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