Ces enquêtes, notamment pour « homicide involontaire » et « non-assistance à personne en danger », portent sur les décès de quatre personnes survenus dans trois Ehpad, à Chaville, Clichy-la-Garenne et Clamart. Olivia Mokiejewski est la petite fille de l'une d’elles. Suite à la mort le 4 avril de sa grand-mère, résidente de l’Ehpad de Clamart, elle a porté plainte contre X et créé une association pour réunir les proches de victimes, résidents comme soignants, baptisé « collectif 9 471 ».
« Si les plaintes qu’on a déposées conduisent à des enquêtes préliminaires, c’est bien que nos dossiers sont sérieux, qu’on n’est pas simplement des familles endeuillées qui cherchent à tout prix des coupables. Moi, j’ai porté plainte pour mise en danger de la vie d’autrui, non-assistance à personne en danger et homicide involontaire, parce que j’ai constaté dès le 20 mars dans ce qu’on voyait à travers les Skype, que c’était un manque de précautions, sans le respect de la distanciation sociale. »
Olivia Mokiejewski explique qu'avec plusieurs autres familles, ils ont alerté la direction régionale en leur disant qu’il y avait quand même un vrai problème dans cet établissement, mais sans avoir beaucoup de réponses.
« Ensuite, quand on a vu les symptômes, on a dit qu'il fallait qu’un médecin vienne. Mais personne n’a appelé le médecin. Moi, quand ma grand-mère est arrivée à l’hôpital, on m’a dit : "Peut-être que si elle était arrivée plus tôt, on l’aurait sauvée". Mais peut-être pas ! J'aurai aimé qu’on lui laisse une chance, en tout cas être informée de l’état réel dans lequel se trouvait ma grand-mère. Il y a eu un tel manque de transparence qu’on n’a pas été face à des établissements qui nous ont dit: on est débordé, les hôpitaux sont pleins. Moi, quand ma grand-mère a été hospitalisée, l’hôpital en question n’était pas du tout bondé. Qu’est-ce qui s’est passé ? Qui est responsable, le Samu qui ne se déplaçait pas ? Nous, quand on l’appelle, il se déplace. C’est étonnant. Il y a plein de questions, on veut savoir comment on en est arrivé là. »
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Répondre aux interrogations des familles
L’Ehpad Bel-Air de Clamart où est décédée la grand-mère d’Olivia Mokiejewski ainsi que plusieurs autres résidents selon sa plainte, est la propriété de Korian. Me Emmanuel Daoud, l'avocat du groupe, salue l’ouverture de ces enquêtes.
« Ces enquêtes préliminaires devaient être ouvertes de façon inévitable. Je pense que c’est une bonne chose. Il s’agit de répondre aux interrogations des familles plaignantes et il est grand temps que la justice puisse faire son travail sereinement, avec sérieux, pour peut-être couper court à des accusations qui, parfois, sont terriblement injustes comme celles qui prétendent que les équipes de ces Ehpad n’ont pas fait leur travail, qu’elles se sont comportées avec désinvolture, que les gestes barrières n’ont pas été protégés.»
Selon l'avocat du groupe Korian, les équipes de l‘établissement Bel-Air ont travaillé jour et nuit pour protéger les résidents et les résidentes, « c’est leur raison d’être, c’est leur mission et pour ces personnels, ces soignants, il est terriblement cruel et injuste d’être ainsi mis en cause ».
L’établissement Bel-Air et le groupe Korian collaboreront activement à la « manifestation de la vérité », assure maître Emmanuel Daoud. « Je ne doute pas un seul instant, qu’à l’issue de cette enquête préliminaire, démonstration sera faite qu’il n’y a pas eu dans cet établissement de fautes d’imprudence ou de négligence ».