« Une personne retenue vient d'être testée positive au Covid-19 dans les CRA de Paris-Vincennes, où 54 personnes sont encore enfermées, a indiqué jeudi 9 avril l'Assfam. La santé et la vie des personnes retenues sont mises en danger dans ces centres, où les mesures sanitaires de prévention et protection contre le Covid-19 ne sont pas, et ne peuvent pas, être mises en place ».
La personne contaminée a été « isolée dans une chambre individuelle » en attente de transfert en structure hospitalière, a confirmé une source policière à l’AFP.
Contaminé à l'intérieur du centre
Selon David Rohi, spécialiste de la rétention à l'association La Cimade, intervenant dans de nombreux CRA, il s’agit du « premier cas confirmé dans un CRA ». Il a également affirmé que le retenu contaminé est entré en rétention le 7 mars et a « donc été contaminé à l'intérieur » : « c’est exactement ce que nous craignions », a-t-il ajouté.
L’Assfam, de son côté, avait arrêté de se rendre aux CRA depuis le 16 mars pour protester contre le maintien en rétention durant la pandémie et dénoncer l'impossibilité de respecter les mesures barrières dans ce type d'établissement. Elle maintient toutefois un suivi « à distance ».
Les CRA ouverts mais vidés par des décisions de justice
« Même en les isolant à un par chambre, ce qui a été mis en place depuis le 9 avril, les personnes partagent quand même les lieux communs : le réfectoire, la salle de télévision, la cour extérieure et les salons, ajoute-t-elle. Et ce ne sont pas des lieux où il est facile de s’isoler vis-à-vis des autres personnes retenues. »
Ces dernières semaines, la poursuite de l'activité des CRA a fait l'objet d'un bras de fer entre le gouvernement, d'un côté, et les organisations de défense des migrants et les avocats, de l'autre.
Le Conseil d'État a tranché le débat fin mars, en décidant que ces établissements pouvaient rester ouverts. La juridiction a jugé que le maintien en rétention n'est pas un « facteur d'évolution de l'épidémie », contrairement à ce qu'affirmaient plusieurs organisations en réclamant leur « fermeture temporaire ».
Cependant, les CRA se sont progressivement vidés ces dernières semaines, sous l'impulsion de décisions de remises en libertés par des juges. Sur quelque 1 900 places, seuls 184 personnes y étaient retenues jeudi 9 avril, a affirmé Christophe Castaner devant une commission de l'Assemblée nationale.
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