Devant ce lycée parisien, les annonces d'Emmanuel Macron alimentent toutes les conversations. La veille, dans son allocution télévisée, le président Emmanuel Macron a annoncé la fermetures des crèches et de tous les établissements scolaires « jusqu'à nouvel ordre ». Des vacances bonus, se réjouissent les élèves. Mais derrière les éclats de rire des lycéens, on sent poindre l'inquiétude. Car le bac approche et il va falloir rattraper les cours. « On a déjà eu les grèves, tout ça... Donc pour le bac, c'est un peu plus compliqué », euphémise une élève. « La génération 2003, elle est maudite ! », renchérit un autre.
Après la mobilisation de leurs professeurs contre la réforme des retraites, près de 14 millions de jeunes Français, de la maternelle à l'université, sont désormais condamnés à rester chez eux pour « réduire la propagation » du coronavirus en France, où plus de 2 800 personnes ont été touchées et 61 décédées.
« On va aller au moins jusqu'aux vacances de printemps qui commencent début avril. (...) C'est le mois de mars qui va être touché, après on va voir en fonction », a précisé sur France Inter le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer sur France Inter. « Je ferai des messages réguliers à destination des parents d'élèves et des professeurs », a-t-il assuré. Les premiers élèves à partir en vacances de printemps sont ceux de la zone C, du samedi 4 au dimanche 19 avril. Les derniers sont censés reprendre les cours début mai.
De son côté, le ministre de la Santé Olivier Véran a parlé sur Europe 1 d'une fermeture d'au moins 15 jours, souhaitant qu'elle soit « la plus courte possible ». « Dans le cadre d'une fermeture nationale de l'ensemble des établissements scolaires, ce que nous voulons c'est un coup de frein national massif », a-t-il expliqué. « Ce n'est pas de gaieté de coeur qu'on ferme les écoles », a encore déclaré Olivier Véran, insistant sur le fait que la décision avait été prise après une réunion avec des experts à l'Elysée jeudi.
« Une classe virtuelle »
Les professeurs s'emploient donc déjà à chercher des solutions. Certains sèchent. « Comment faire travailler l'anglais à la maison ? s'interroge ainsi une professeure. Je pense que ça va être très compliqué, parce que n'importe quel devoir sera fait avec internet, la traduction automatique, etc. Je ne sais pas très bien comment je vais m'organiser. » Dans ce lycée, une réunion d'information est prévue avec les parents d'élèves pour mettre en place un système de cours par correspondance.
L'Education nationale va mettre à disposition les ressources du Centre national d'enseignement à distance (Cned), « une classe virtuelle » permettant aux professeurs de faire cours à ses élèves par visioconférence. Les connexions sont possibles par ordinateur, tablette ou téléphone. Environ trois ou quatre heures d'activités sont proposées chaque jour aux élèves dans des matières différentes.
Mais les syndicats s'inquiètent que la situation puisse renforcer les inégalités. « Toutes les familles ne disposent pas d'un équipement informatique et tous les parents n'ont pas la même compétence pour réaliser un accompagnement pédagogique », souligne Sophie Vénétitay, du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire.
S'agissant du baccalauréat, organisé en juin, le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer exclut pour le moment tout report. « Nous travaillons bien sûr sur tous les scénarios mais le principal scénario aujourd'hui c'est de le maintenir », a-t-il encore déclaré sur France Inter. La tenue des concours, dont certains sont programmés dans les prochaines semaines, sera examinée « au cas par cas », a dit M. Blanquer qui veut « éviter de gâcher tout le travail accompli par les uns et les autres » pour se préparer.