« Mesdames et messieurs, c’est avec une grande émotion que je quitte le ministère des Solidarités et de la Santé ». Du début à la fin de son discours, Agnès Buzyn n'a pas pu retenir ses larmes et faire bonne figure. Elle a quitté son ministère à regret pour une mission périlleuse : relancer la campagne municipale parisienne, balayée par le départ fracassant de Benjamin Griveaux. « C’est aujourd’hui un nouveau départ, tout commence maintenant. Et je serai au rendez-vous. », a-t-elle conclu.
Emploi du temps chargé
La soldate Buzyn a été envoyée au front au pire moment, elle qui gérait l'épidémie de coronavirus, la crise dans les hôpitaux publics et la réforme des retraites. Mais son successeur Olivier Véran, face aux critiques de l'opposition, l’a promis : la transition sera bien assurée. « Je vous le dis ici en toute transparence, je partagerai avec les Français l’ensemble des informations dont je disposerai et je pense pouvoir dire qu’à l’heure à laquelle je vous parle, il s’agit encore de la priorité numéro 1 de ce ministère », a promis Olivier Véran. La tâche ne sera pas facile pour lui non plus, il affrontera le chaudron de l'Assemblée nationale dès ce lundi pour le début de l'examen de la réforme des retraites et devra gérer la crise des hôpitaux ainsi que l’épidémie de coronavirus.
De son côté, Agnès Buzyn s'est immédiatement rendue au QG de sa campagne où les prochaines semaines s'annoncent, là aussi, mouvementées. Réticente à l’idée de reprendre la campagne, il aura fallu un coup de fil d'Emmanuel Macron lui-même pour qu'Agnès Buzyn accepte de se lancer.
Finir une campagne qui n’est pas la sienne
En seulement quatre semaines de campagne, elle devra défendre un programme qui n'est pas le sien, une équipe de campagne et des têtes de liste par arrondissement qu'elle n'a pas choisies. Une mission que certains jugent impossible et pour laquelle elle a abandonné un ministère qui lui plaisait.
Les oppositions, de droite comme de gauche, crient d'ailleurs à « l’abandon de poste ». Même son de cloche du côté des nouveaux adversaires d'Agnès Buzyn, le directeur de campagne d'Anne Hidalgo parle de « grave faute politique », tout comme celle de Rachida Dati.
Enfin, pour l'entourage du dissident Cédric Villani, le choix d'Agnès Buzyn est « incompréhensible », les Marcheurs ont beau mettre en avant l'aspect rassembleur et bienveillant de leur nouvelle candidate mais la réconciliation n'est pas au programme. Pour sa première expérience électorale, le scénario est décidément loin d'être idéal pour Agnès Buzyn.
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