2020: les écologistes peuvent-ils transformer l’essai?

Une percée aux Européennes (13% des voix), un nouveau chef (Julien Bayou) et une ambition nouvelle (conquérir le pouvoir). À l’approche des élections municipales, les écologistes français d’EELV voient désormais les choses en grand. Portés par une prise de conscience de l’urgence climatique, ils veulent transformer l’essai. Mais ont-ils les épaules pour le faire ?

Ils étaient souvent moqués par leurs adversaires, désormais ils sont craints ! Les sondages pour les élections municipales de mars se multiplient et ils prévoient tous une progression spectaculaire des candidats d’Europe Écologie-Les Verts dans plusieurs grandes villes. Au point que les Verts se voient diriger d’autres villes que Grenoble : pourquoi pas Rouen, Besançon, Montpellier ou même Bordeaux ?

Leur défi est maintenant d’assumer ce nouveau statut : eux qui se sont toujours perçus comme minoritaires sont désormais souvent en mesure de rassembler autour de leur candidat les forces de gauche (notamment les socialistes). C’est un changement de perspective. Au second tour, EELV n’entend pas faire d’alliance avec les candidats de La République en marche ou ceux de la droite, le parti mise sur des triangulaires ou des quadrangulaires favorables : en clair, il espère profiter des divisions de ses adversaires.

Élargir sa base électorale

Point fort, le parti a une bonne image (50% de bonnes opinions en décembre dernier selon un sondage Kantar). « Contrairement aux autres, on ne planque pas notre étiquette », raille l’ancien dirigeant d’EELV et parlementaire européen David Cormand. Mais le logo ne fait pas tout. Les candidats écologistes ne sont pas tous des têtes d’affiche (à l’image de David Belliard à Paris). Dans la dernière ligne droite de la campagne, il faut qu’ils « habillent le costume, qu’ils prouvent qu’ils sont capables d’occuper le rôle », prévient David Cormand.

Et au-delà des centres-villes ? Les campagnes et les villes moyennes sont une terre de conquêtes pour ELLV qui séduit en majorité un électorat urbain et éduqué. « Il doit élargir sa base électorale, qui reste très restreinte et qui est toujours un peu la même depuis quelques années », explique le politologue Benjamin Morel, maître de conférences à l’université Paris 2.

Revendiquer le pouvoir

La figure de proue du mouvement Yannick Jadot le martèle : la nouvelle ligne des Verts, c’est de revendiquer le pouvoir. Que ce soit au niveau local donc, mais aussi au niveau national. Dans leur viseur : la présidentielle de 2022. Pour monter la marche, le petit parti (quelques milliers d’adhérents et très peu d’élus) doit devenir grand. Il a entamé sa mue, a désigné un nouveau chef en novembre, Julien Bayou, mais tout reste à faire pour renforcer une formation qui n’a jusqu’à présent jamais su transformer l’essai après une percée électorale.

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