Pas de trève dans la lutte contre la réforme des retraites. En revanche, elle a bien lieu concernant les négociations. Celles-ci reprendront le 7 janvier prochain, a annoncé le gouvernement. Les discussions entre l'exécutif et les partenaires sociaux vont durer pendant près d'un mois.
« Aujourd’hui, ce que l’on constate, c’est que malgré la grève, malgré les blocages, malgré les désagréments liés à la grève, l’opinion publique pour l’instant en tout cas continue de soutenir le mouvement social », analyse Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire.
Stratégie électorale
Cependant, aux yeux du politologue, l'exécutif joue la montre afin de gagner la bataille de l'opinion publique. « Il y a toujours une prise de risque dans ce type de stratégie, souligne Arnaud Benedetti. D’autant plus qu’on voit aujourd’hui qu’il existe un climat social où un certain nombre de mécontentements, qui ne sont pas d’ailleurs liés au sujet des retraites, viennent gonfler aussi la masse d’opinions hostiles à cette réforme. »
Pour lui, cette stratégie est calculée. « Le pari politique de l’exécutif, c’est de considérer que sa base électorale, qui s’est quand même transformée depuis l’élection de 2017, lui donnera quitus d’avoir tenu bon sur une réforme qui est une réforme emblématique. Bien évidemment, il y aura un coût social dans l’opinion, mais le coût est vraisemblablement estimé par le gouvernement comme inférieur aux gains que pourrait lui apporter une fermeté qui lui permettrait de mener à bien cette réforme », conclut Arnaud Benedetti.
Situation toujours très perturbée à la SNCF
La situation reste très perturbéc à la SNCF ce mercredi avec en moyenne un TGV sur 3, un Transilien sur 6 et trois TER sur 10. Dans les « grandes gares parisiennes » de l'Est, du Nord et de Montparnasse, les TGV font même la grasse matinée. Ni départ, ni arrivée « avant le début d'après-midi », a prévenu la SNCF.
Pour le week-end de chassé-croisé des vacances, du vendredi 27 au dimanche 29 décembre, la SNCF a annoncé qu'elle comptait faire rouler 6 TGV sur 10. Le voyage est confirmé et garanti « pour la plupart » des 800 000 voyageurs ayant une réservation sur ces dates. Les autres sont « invités » à échanger leur billet. « Au bout de vingt jours de grève, on est à 400 millions d'euros de chiffre d'affaires qui n'aura pas été réalisé sur cette période », annonçait ce mardi 24 décembre le patron de la SNCF, Jean-Pierre Farandou.
Le trafic est aussi très réduit côté RATP, avec 14 lignes de métro fermées et des RER au compte-gouttes. Seules les lignes automatiques 1 et 14 fonctionnent normalement. La circulation des tramways est « proche de la normale » et celui des bus « en amélioration » avec les trois quarts des véhicules en moyenne dans les rues.
Le mouvement de grève touche aussi les raffineries, mais l'approvisionnement des stations-service est « quasi normal », même si la situation est localement plus tendue en région PACA, a assuré ce mardi 24 décembre l'Union française des industries pétrolières (UFIP).
À l'Opéra de Paris, une quarantaine de danseuses ont donné un mini-spectacle devant le palais Garnier, en tutu blanc pour manifester contre la réforme qui menace leur régime spécial. Mais l'exécutif, qui veut remplacer les 42 régimes de retraites existants par un système universel par points, exclut de revenir sur la suppression des régimes spéciaux, a rappelé son nouveau « M. Retraites », Laurent Pietraszewski.
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