France: Laurent Pietraszewski nommé secrétaire d'État en charge des retraites

Le député français Laurent Pietraszewski, élu LaREM du Nord, a été nommé secrétaire d'État en charge des retraites. Il devra gérer la réforme contestée, en remplacement du haut commissaire démissionnaire Jean-Paul Delevoye. Le nouveau ministre est d'ores et déjà au centre d'interrogations sur son passé.

Article mis à jour au fil des informations disponibles,

Emmanuel Macron a nommé le député La République en marche Laurent Pietraszewski, 53 ans, au poste de secrétaire d'État en charge des retraites, indique le Journal officiel ce mercredi 18 décembre. Bon connaisseur du dossier, il aura la tâche de reprendre les négociations avec les syndicats, après 13 jours de grèves dans les transports et de nouvelles manifestations ce mardi en France.

M. Pietraszewski devra remplacer le haut commissaire jusqu'ici chargé du chantier. Jean-Paul Delevoye a été rattrapé par des révélations sur ses activités parallèles et mandats non déclarés. Le député du Nord devait initialement être le rapporteur du projet de réforme lors de son examen au Parlement, prévu en février. Il sera finalement au Conseil des ministres dès ce mercredi, et s'est déjà exprimé.

Mais surtout, le nouveau ministre siègera dans la foulée aux côtés d'Édouard Philippe pour rouvrir les discussions avec les syndicats. À trois jours des vacances de Noël, ce dernier les reçoit en effet à Matignon ce mercredi après-midi pour tenter de trouver une porte de sortie à la crise, alors que de nouveaux blocages dans les transports ne sont pas exclus pendant les fêtes de fin d'année.

Les deux membres du gouvernement auront des entretiens d'une cinquantaine de minutes successivement avec l'Unsa, la CGT, la CFTC, le Medef, la CFDT, la CPME, l'U2P, FO et la CFE-CGC. Laurent Berger, pour la Confédération française démocratique du travail, aura l'occasion de redire à M. Philippe son opposition à « l'âge d'équilibre » et au système de « bonus-malus » du projet.

Marié et père de deux filles adultes, Laurent Pietraszewski est arrivé tardivement à la politique, avec le lancement du parti d'Emmanuel Macron. « J'ai rejoint En marche le 6 avril 2016 le jour de l'ouverture de la plateforme », disait-il à l'Agence France-Presse en 2017, après son élection dans la 11e circonscription du Nord. Il s'était imposé au deuxième tour avec 67,17% des voix face à Nathalie Acs (FN).

Rattrapé par une pige très rémunératrice chez son ancien employeur

Le nouveau ministre est né à Saint-Denis, et a grandi à Epinay-sur-Seine puis Lambersart, près de Lille. Il a travaillé dix ans dans le management opérationnel chez Auchan, puis a occupé un poste dans les ressources humaines pendant huit ans dans sept sites différents du géant de la distribution. En 2010, il s'est ensuite spécialisé dans la gestion de carrière et le recrutement au sein du groupe.

Peu connu, mais bosseur, Laurent Pietraszewski est un « choix naturel », disent ses collègues macronistes, qui saluent un connaisseur du dossier. Emmanuel Macron a préféré un député technique aux profils plus politiques qu'il avait à sa disposition. Les noms de Gérald Darmanin, venu de la droite, et ceux d'Olivier Dussopt ou d'Emmanuelle Wargon, venus de la gauche, circulaient.

À l'Assemblée, il était membre de la commission des affaires sociales et a été rapporteur des lois travail. Depuis peu, il était aussi porte-parole de son groupe. M. Pietraszewski est engagé dans l'association Force femmes, qui aide les femmes de plus de 45 ans à trouver du travail, et siège au conseil d'administration de l'Institut du marketing et du management de la distribution (IMMD) à Roubaix.

Le nouveau secrétaire d'État et le Premier ministre arriveront-ils à ramener la CFDT de leur côté, en lâchant du lest sur l'âge pivot et sur la pénibilité ? Il devra en tout cas être sans « casserole », alors que la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique doit examiner ce mercredi le cas de Jean-Paul Delevoye et pourrait saisir la justice sur ses activités non déclarées.

Selon sa déclaration d'intérêts et d'activitésdu 6 octobre dernier, auprès de l'autorité de transparence (voir ici), le nouveau « Monsieur retraites » du gouvernement a touché cette année, de la part de son ancien employeur alors qu'il était député, une somme de 71 872 euros nets. S'agit-il d'une indemnité de licenciement ? D'une prime ? Prudence en l'état, mais un besoin d'explications.

Sur Europe 1, l'ancien député René Dosière, spécialiste des finances publiques, estime que sa déclaration, « pas claire à 100% », « mériterait d'être un peu plus précise ». Il y a « peu de renseignements sur les activités qu'il a pu exercer durant les cinq années précédant son élection comme député », fait-il valoir, rappelant que l'intéressé devra faire une autre déclaration en tant que ministre.

En attendant, au fil des heures, le passé de M. Pietraszewski ressort. Un article du journal L'Humanité de 2017, exhumé par Libération, relate qu'en 2002, alors DRH chez Auchan, il a mis à pied une salariée syndiquée CFDT pour une « erreur de commande de 80 centimes d’euros ». Autre problème : sa suppléante, censée le remplacer dans l'hémicycle, vient de quitter le parti.

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