Incendie à Rouen: Lubrizol porte plainte, Édouard Philippe sur le site

Le groupe Lubrizol a porté plainte ce lundi 30 septembre pour « destruction involontaire » après l’explosion suivie d’un impressionnant incendie de son usine chimique à Rouen dans la nuit de jeudi à vendredi dernier. Le groupe affirme ce lundi que l'origine du feu serait « extérieure » au site. Édouard Philippe est arrivé sur  dans la soirée à Rouen où la population reste toujours inquiète.

Lubrizol a indiqué lundi avoir déposé plainte samedi pour la « destruction involontaire par explosion ou incendie par violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence », a précisé le procureur de la République de Rouen, Pascal Prache.

« La vidéosurveillance et des témoins oculaires indiquent que le feu a tout d'abord été observé et signalé à l'extérieur du site de Lubrizol Rouen, ce qui suggère que l'origine du feu est extérieure à Lubrizol et que le feu s'est malheureusement propagé sur notre site », a déclaré le groupe lundi, dans un communiqué diffusé sur son site internet. « Nous continuons de soutenir les forces de l'ordre pour les besoins de l'enquête afin de déterminer l'origine et la cause du feu », ajoute-t-il.

Selon la société, « les premiers éléments indiquent qu'en dehors des zones d'enfutage et d'entreposage, le site de Rouen été très peu, voire pas du tout, endommagé ».

Après plusieurs membres du gouvernement, le Premier ministre Édouard Philippe, qui a promis dimanche, « la transparence totale » sur cet incendie, s'est rendu lundi soir sur le site industriel, classé Seveso. « Les odeurs que nous sentons (...) sont effectivement très dérangeantes, très pénibles à supporter, elles peuvent entraîner en effet un certain nombre de réactions mais elles ne sont pas nocives », a-t-il déclaré devant le site.

Un nuage de 22 km de long

L’usine Lubrizol fabrique des additifs de lubrifiants pour moteurs et carburants. Leur composition comprend notamment des dérivés de soufre et de phosphore aux noms imprononçables, mais la liste exacte des composés n’a pas été publiée pour « raisons de sûreté », invoque le fabricant. On ne connaît donc pas encore la composition des produits qui se sont échappés à la faveur de l’incendie.

L’incendie de l’usine a provoqué un nuage de 22 km de long sur 6 de large, qui est remonté vers le nord de la France, jusqu’en Belgique. Dans un village à 200 km de Rouen, un maire constatait ce week-end des résidus de pollution aux hydrocarbures dans les flaques d’eau. Des prélèvements ont donc été effectués dans l’Oise ce lundi, afin de lever le doute sur la présence éventuelle de produits chimiques dans les cultures, et des analyses des suies devraient être publiées à partir de demain.

Les agriculteurs inquiets

Les services vétérinaires, de la protection des populations et de la direction régionale de l'agriculture vont se rendre dans une quarantaine de communes de l'Oise identifiées comme ayant une présence de suie pour prélever des échantillons de matière végétale ou de produits laitiers qui seront orientés vers un laboratoire.

« Les agriculteurs sont inquiets (...) La priorité est d'effectuer ces prélèvements pour lever le doute. Il peut y avoir des métaux lourds, des dioxydes, du plomb donc le principe de précaution s'applique pleinement », a déclaré le préfet de l'Oise à l'issue d'une réunion de deux heures à Beauvais avec des représentants du monde agricole. Les premiers résultats sont attendus dans « environ une semaine ».

Les agriculteurs victimes de la pollution provoquée par l'incendie bénéficieront d'avances de trésorerie pour surmonter les difficultés financières liés à la baisse de leur activité, a annoncé le ministre de l'Agriculture.

À la suite de l’incendie, le préfet de Seine-Maritime a assuré samedi que la qualité de l'air dans l'agglomération rouennaise était « normale » mais que les autorités avaient décidé de prendre des mesures de précaution sanitaires, telles que le gel des cultures et des récoltes.

Fermés depuis vendredi, les établissements scolaires ont rouvert ce lundi matin, mais de nombreux professeurs de trois collèges situés à proximité de l’usine, incommodés par les odeurs et inquiets, ont exercé leur droit de retrait.

Et tant que l’origine de l’incendie n’aura pas été élucidée, l’usine devrait rester fermée.

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(Avec agences)

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