Des centaines de personnes se sont rassemblées samedi 21 septembre près du jardin du Luxembourg, à Paris, prenant part à cette nouvelle « marche pour le climat et la justice sociale » à destination de Bercy, où se trouve le ministère français de l’Économie.
Au moins 15 200 personnes ont pris part à la marche, selon un décompte du cabinet Occurrence pour de nombreux médias, alors que les organisateurs estiment quant à eux le nombre à 50 000. La préfecture de police a comptabilisé pour sa part 16 000 participants à la marche.
Cela alors que la manifestation étudiante de la veille a réuni au moins 10 000 personnes dans la capitale, selon un comptage du même cabinet. Sur l’échelle mondiale, elle a été très suivie, notamment à New York, où Greta Thunberg était présente, trois jours avant l’ouverture du sommet de l’ONU sur le climat.
Malgré des violences au début de la marche et des interventions musclées - jugées disproportionnées par les organisateurs - le cortège a pu arriver à son terme, à Bercy, où d'autres incidents ont eu lieu.
Avant le début de la marche, les organisateurs avaient appelé au calme. « Tout le monde est le bienvenu. On n'oppose pas justice climatique et justice sociale, il faut respecter le consensus d'action non violente », avait lancé une organisatrice.
Pour Maxime Combes, porte-parole de l'Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne (Attac), l’une des nombreuses organisations qui appellent à marcher pour le climat, il est urgent d’agir et d'interpeller les décideurs du monde. « On le voit, la crise climatique s’aggrave. Donc cette mobilisation aujourd’hui a vocation à dire que le mouvement pour le climat est en train de se massifier, de se renouveler et qu’il est là pour durer. On ne pourra pas faire sans le mouvement climat à l’avenir », dit-il à RFI.
Cette mobilisation a également été rejointe par de nombreux « gilets jaunes » présents à la capitale pour le 45e acte de leur mouvement, souhaitant une « convergence des luttes » en ce jour où plusieurs rassemblements sont organisés dans la capitale française.
Avant le départ, une ambiance bon enfant régnait sur le cortège : les gens sont venus en famille, avec des pancartes colorées, des déguisements et des slogans inventifs et souvent drôles, comme « notre conso nous consume ».
Pour Élodie Nace, porte-parole d’« Action non-violente Cop-21 » et d’Alternatiba, deux organisations de défense de l’environnement, la jonction des deux luttes est nécessaire et évidente. « Depuis la naissance du mouvement des "gilets jaunes", il y a eu un appel à porter un message commun » avec la mobilisation pour le climat, explique-t-elle à RFI, dont les organisations étaient également à l’initiative de la marche d’aujourd’hui. « On rejette le même type de système et les mêmes responsables, et on exige maintenant des mesures radicales et immédiates. »
« Exactions » des « black blocs »
Mais, selon la Préfecture de police de Paris, des « individus violents » de la mouvance black bloc se sont introduits dans le cortège et on commis des « exactions », ont dénoncé les forces de l'ordre sur Twitter. Les autorités affirment que ces derniers, au nombre de 150 environ, selon l'AFP, se sont repliés dans le cortège, dont le départ était prévu à 14h30, mais a été bloqué à cause de l’intervention des forces de l’ordre, notamment avec du gaz lacrymogène et de l'eau.
La Préfecture de police a toutefois indiqué que, au-delà de ces 150 personnes, la marche pour le climat aurait été infiltrée par quelque 1 000 manifestants appartenant à la frange radicale de l'ultragauche et des « gilets jaunes ».
Selon nos informations, le cortège a dû faire marche arrière après l’intervention des forces de l’ordre dans le cortège, boulevard Saint-Michel, et s’est retrouvé au point de départ, soit devant le jardin du Luxembourg. Les gendarmes mobiles y bloquent les rues et empêchent la circulation de la mobilisation. Car une demi-heure auparavant, les « black blocs » se sont mis devant le cortège, ont cassé des vitrines, brûlé des poubelles et lancé des pierres sur les CRS. Ces derniers ont réagi en lançant du gaz lacrymogène.
Les organisateurs ont essayé tant bien que mal de relancer la marche. Cependant, l'ONG organisatrice de la marche Greenpeace a appelé les manifestants à quitter le cortège en raison de ces violences.
La marche a pu reprendre en direction de Bercy, « en ordre quelque peu dispersé », a tweeté l'Attac - les incidents s'étaient au départ concentrés sur le quartier Latin et le boulevard Saint-Michel. Mais la fin du cortège a également été émaillée d'incidents, avec notamment des échanges de projectiles et de gaz lacrymogènes entre militants d'ultragauche, « gilet jaunes » et forces de l'ordre. De nombreuses grenades lacrymogènes ont atteint les voies de circulation.
« La préfecture a tout fait pour entraver le droit de manifester », a ensuite accusé Greenpeace, selon l'AFP.
Selon le dernier bilan communiqué par la Préfecture de police à 18h (16h TU), les forces de l'ordre ont interpellé 163 personnes et en ont verbalisé 395 à l'intérieur de « périmètres interdits ».
D'autres marches en France, dont 5 000 manifestants à Lyon
Ailleurs en France, d'autres événements ont lieu, les ONG revendiquent plus de 150 000 manifestants dans toute la France. À Lyon, quelque 5 000 personnes se sont rassemblées dans la matinée dans le centre-ville, selon la préfecture du Rhône. « Halte à l'écocide », pouvait-on lire sur la banderole des manifestants.
Venue avec son fils Lucien, 7 ans, Noémie Izbicki a expliqué à l'AFP s'être rendue à la manifestation pour que son fils « prenne conscience de l'enjeu ». Jean-Claude Moralez, un enseignant de 65 ans, a de son côté exprimé son pessimisme, soulignant que la situation avait atteint un point de non-retour. « Ce genre de manifestation est importante, mais elle aurait dû avoir lieu depuis longtemps ».