Cinéma: La nomination de Dominique Boutonnat à la tête du CNC passe mal

Le président Emmanuel Macron a procédé ce mercredi à une vague de nominations dans le secteur culturel, pour le CNC et l'Opéra de Paris notamment.

L'actuel directeur de l'Opéra de Toronto, l'Allemand Alexander Neef, 45 ans, remplacera Stéphane Lissner en 2021 à la tête de l'Opéra de Paris, une des plus prestigieuses scènes lyriques au monde.

Le producteur Dominique Boutonnat, 49 ans, a été nommé directeur du Centre national du cinéma (CNC). Il est attendu de pied ferme par de nombreux professionnels du secteur, dont de prestigieux cinéastes, qui n'ont pas du tout apprécié le rapport qu'il a rendu en mai dernier sur le financement privé du cinéma français.

Une nomination controversée

La rupture théorisée par Emmanuel Macron passe, aussi, par le cinéma. Quitte à braquer une grande partie de la profession.

« Une nouvelle fois le gouvernement a pris une décision de manière unilatérale sans écouter une grande majorité du secteur qui porte une vision différente (...). S'opposer à une vision libérale ne signifie pas être anti-réformiste », a réagi la Société des réalisateurs de films (SRF), rassemblant 300 cinéastes, dans un communiqué cinglant.

Dès que le nom de Dominique Boutonnat avait commencé à circuler pour diriger le CNC, des cinéastes français, toutes générations confondues, avaient lancé une pétition qui compte à ce jour plus de 6 800 signatures.

Initiée par Bertrand Tavernier, Jacques Audiard, Nicole Garcia, ou encore Rithy Panh, cette Lettre au président remet en question avec virulence l'indépendance du producteur de 49 ans, grand donateur de la campagne du candidat Macron.

L'avenir du cinéma d'auteur français

Mais les cinéastes s'inquiètent aussi de sa vision du secteur. Dans un rapport rendu public en mai dernier, Dominique Boutonnat recommande ainsi une meilleure « rentabilité » des oeuvres et parle des films comme de « produits culturels ».

En choisissant un producteur à succès, et non un haut fonctionnaire, Emmanuel Macron montre qu'il veut secouer le CNC, organe essentiel de financement du cinéma français.

Les détracteurs de Dominique Boutonnat craignent qu'il ne privilégie une logique commerciale au détriment de la prise de risque esthétique. La vitalité du cinéma d'auteur français repose en effet sur un système vertueux qui permet aux films fragiles d'exister grâce aux entrées des films à succès.

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