À l'initiative des collectifs Droits devant et Gilets noirs, quelque 700 sans-papiers et leurs soutiens ont brièvement occupé le Panthéon ce vendredi après-midi. L'imposant monument, où sont inhumés de grands personnages du pays, a été évacué dans le calme et les occupants ont patienté à l'arrière du bâtiment, encadrés par les forces de l'ordre.
La plupart d'entre eux travaillent ou ont travaillé pendant plusieurs années en situation irrégulière. C'est le cas d'Omar. « Je suis arrivé en France 1999, j'ai été régularisé il y a à peine un mois. Je suis resté 20 ans sans papiers. Imaginez ce que cela fait ». Si tous ces travailleurs attendent si longtemps, c'est parce qu'ils ont besoin de fiches de paie qui prouvent qu'ils occupent un emploi afin de pouvoir être régularisés. Une situation ubuesque. « Pour avoir des fiches de paie, il faut avoir des papiers », remarque Meryem, qui travaille en France depuis près de huit ans.
Car il est rare que les patrons respectent leur obligation de fournir ces justificatifs. « Ils profitent de la situation. Ils ne donnent ni fiche de paie ni contrat pour ne pas avoir à payer l'Urssaf. Ils préfèrent employer des gens au noir, sans papiers et pouvoir ainsi les dégager lorsqu'ils ne veulent plus d'eux », dénonce Mohammed, qui a été travailleur sans-papiers pendant près de 15 ans.
Les forces de l'ordre ont chargé et tiré des grenades lacrymogènes pour repousser les soutiens et migrants les plus véhéments. Trente-sept personnes ont été interpellées « suite à des vérifications d'identité », a appris l'AFP de source policière. « La France est un État de droit, dans tout ce que cela implique : respect des règles qui s'appliquent au droit au séjour, respect des monuments publics et de la mémoire qu'ils représentent », a réagi sur Twitter le Premier ministre Édouard Philippe, avec qui les manifestants souhaitaient obtenir un rendez-vous.
Il y a un mois, les « gilets noirs » avaient déjà occupé le siège d'une entreprise en Île-de-France pour dénoncer le recours aux salariés sans papiers non déclarés. En mai, ils avaient également occupé un terminal de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle contre « la collaboration d'Air France » dans les expulsions.