Avec notre correspondant à Moscou, Daniel Vallot
C’est une décision à laquelle il ne s’attendait absolument pas, et à la sortie du tribunal Igor Rodnikov ne cache pas sa stupéfaction :. « Je savais que la justice triompherait, mais jamais je n’aurais imaginé que cela se produise aussi rapidement »,déclare-t-il aux journalistes..
Le calvaire d’Igor Rodnikov aura tout de même duré plus d’un an et demi. En novembre 2017, il est arrêté, et accusé d’extorsion de fonds, par un ponte de la police locale. Quelques mois auparavant, le journaliste avait publié une enquête particulièrement gênante sur le fonctionnaire. Pour s’en débarrasser, celui-ci affirme avoir été la victime d’une tentative d’extorsion de fonds, l’une des méthodes les plus courantes en Russie, pour se débarrasser d’un journaliste.
Dans sa décision, le tribunal chargé de l’affaire ne disculpe pas Igor Rodnikov, mais se contente de requalifier le délit, pour pouvoir ensuite libérer le journaliste. Pour le parquet et les enquêteurs, qui réclamaient dix années de prison, le jugement constitue malgré tout un camouflet. Il est très rare en Russie qu’un tribunal ne suive pas les recommandations du parquet. Difficile de ne pas faire le lien entre cette décision inattendue, et la libération d’Ivan Golounov la semaine dernière.
Pour Reporters sans Frontières, c’est le signe « encourageant » qu’il devient plus difficile en Russie de garder impunément des journalistes derrière les barreaux.