Pour Paul François, l'agriculteur charentais intoxiqué au Lasso, ce puissant herbicide interdit en France depuis désormais plus de dix ans, c'est une nouvelle victoire judiciaire, la troisième exactement. Car il avait obtenu gain de cause en première instance puis en appel avant que la décision ne soit cassée et à nouveau réexaminée. Mais pour l'agriculteur, ce n'est pas la fin du combat pour autant. Monsanto a en effet encore la possibilité de se pourvoir à nouveau en cassation.
Surtout si la justice a reconnu la responsabilité de l'entreprise, la question de l'indemnisation éventuelle de Paul François sera, elle, établie par le tribunal correctionnel de Lyon, une longue procédure judiciaire se profile donc. Il réclame plus d'un million d'euros de dommages et intérêts à la firme. Néanmoins, Paul François savoure sa victoire.
« La cour d'appel de Lyon retient la responsabilité de Monsanto au terme d'une motivation extrêmement précise, a détaillé son avocat Maître François Lafforgue. Elle écarte tous les arguments de Monsanto, elle estime qu'il y a bien eu un accident, une inhalation d'un produit toxique, une intoxication, des déboires qui s'en sont suivis. Un lien entre les problèmes de Paul François et l'intoxication. Et la nécessité d'indemniser Paul François. »
Ce nouveau revers fragilise un peu plus le groupe Monsanto, déjà condamné à deux reprises aux États-Unis. Le président du directoire de Bayer, Werner Baumann, reconnaît aujourd'hui que le groupe chimique allemand est confronté à de grandes difficultés en raison de la multitude de poursuites judiciaires engagées contre sa filiale et ses herbicides soupçonnés d'être cancérigènes.