Se défaire d'une entreprise qui rapporte chaque année des dividendes à l'Etat, c'est une aberration pour l'opposition. L'argument avancé par le gouvernement, selon lequel il faut dégager de l'argent pour financer l'innovation, fait tiquer Eric Woerth, ancien ministre du Budget sous Nicolas Sarkozy.
« C’est un choix un peu surprenant, c’est une grande usine à gaz. Les dividendes auraient simplement pu être affectés à cela », pointe-t-il.
D'autant que l'exemple de la privatisation des autoroutes et plus récemment de l'aéroport de Toulouse fait craindre à beaucoup une nouvelle catastrophe. Or, comme le souligne le communiste Sébastien Jumel, un aéroport, ce n'est pas un centre commercial.
« Un aéroport, c’est un outil stratégique, c’est une frontière, et donc cela pose une question de souveraineté », rappelle-t-il.
Alors face à cette levée de boucliers, dans l'Hémicycle, Bruno Lemaire, puis Edouard Philippe répondent aux critiques.
« Le contrôle des frontières, le contrôle des biens, le contrôle des personnes, c’est l’Etat, et cela restera l’Etat français qui les contrôlera », assure le ministre de l'Economie et des Finances.
« Depuis quelques années, les rendements des actions Aéroports de Paris augmentent, c’est vrai. Mais vous savez comme moi que le rendement d’une action n’est jamais garanti. Ce qui peut monter pendant quelques années peut diminuer ensuite », argumente de son côté le Premier ministre.
L'exécutif a promis que des garanties sur les tarifs et les investissements notamment figureront dans le cahier des charges. Un document qui sera fourni aux députés. Mais pas avant le vote de la loi qui devrait intervenir vendredi, regrettent certains.