France: mobilisation du personnel de prison après une agression par un détenu

Au lendemain de l'agression de deux surveillants par un détenu radicalisé au centre de Condé-sur-Sarthe, un mouvement de contestation affecte les prisons françaises, dont deux sont bloquées mercredi à la mi-journée par un personnel pénitentiaire inquiet pour sa sécurité

En début de matinée, 18 prisons - sur 188 en France - étaient bloquées à travers le pays, selon l'administration pénitentiaire, mais ce chiffre est tombé à 10, puis à deux. D'autres actions, comme des débrayages ponctuels ou des blocages partiels (accès restreint au parloir), ont également eu lieu.

A Fleury-Mérogis, près de Paris, la plus grande prison d'Europe, le blocage a été levé au matin par les forces de police, après que l'accès eut été barré par des militants de syndicats pénitentiaires.

Ce mouvement de protestation survient le lendemain de l’agression de deux surveillants par un détenu radicalisé, interpellé dans la soirée par le Raid (unité d'élite de la police nationale) après de vaines tentatives de négociations. « C'est un mouvement illimité. L'émotion est très forte, car ça faisait longtemps qu'on disait que ça allait arriver », a déclaré à l'AFP Emmanuel Guimaraes, délégué national FO, devant l'entrée de la prison de Condé.

« Des failles »

Cette attaque relance le débat sur les conditions de travail du personnel pénitentiaire, d’autant que le cas de Michaël Chiolo suscite l’incompréhension. Ce détenu était suivi par le renseignement pénitentiaire et inscrit au fichier pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste, le FSPRT.

Pourtant, il ne se trouvait pas dans le quartier pour radicalisés ouvert il y a quelques mois dans la prison hyper sécurisée de Condé-sur-Sarthe où il avait été transféré. Il était même autorisé à travailler en détention et avait accès aux unités de vie familiale, bénéficiant donc d'un traitement plutôt favorable.

Interrogée sur RMC, la garde des Sceaux Nicole Belloubet a reconnu qu'il y avait « encore des failles » dans la gestion des détenus radicalisés. Elle a demandé une « inspection » pour « faire la lumière » sur l'agression. « Si j'ai demandé une inspection, c'est précisément pour voir à chaque moment où sont les failles de notre système et prendre les mesures qui s'imposent », a-t-elle précisé.

Le secrétaire général du syndicat CGT Pénitentiaire, Christophe Dorangeville, estime que l’attaque d’hier aurait pu être évitée. Il pointe à la fois le manque de moyens matériels et le manque d'effectifs « criant », qui nuisent considérablement à la sécurité du personnel de prison.