Tout commence avec 55 000 clichés de corps de prisonniers morts de faim, de maladie ou de torture en Syrie, entre 2011 et 2013. C'est un ancien photographe de la police syrienne, exfiltré par la France, qui les apporte dans sa valise.
En janvier 2018, un pôle spécialisé du parquet de Paris se retrouve chargé de l'enquête, menée de front avec l'Allemagne. Un signalement de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), permet alors d'identifier un premier suspect, ex-membre des services de renseignement syriens. C'est cet homme qui a été mis en examen vendredi.
En Allemagne, les témoignages de 24 Syriens rescapés des prisons de Bachar el-Assad aident à confondre un second suspect, arrêté mardi à Berlin. Âgé de 56 ans, il dirigeait, en 2011 et 2012, un bureau du renseignement syrien à Damas.
Il avait sous ses ordres l'autre Syrien interpellé outre-Rhin, mardi. Ce dernier aurait pris part à 2 meurtres et à des tortures infligées à au moins 2 000 personnes.
La traque contre les responsables des exactions attribuées au régime de Bachar el-Assad ne fait que commencer. Depuis 2018, la France et l'Allemagne ont déjà émis quatre mandats d'arrêt internationaux contre des hauts responsables syriens.
L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) estime à 60 000 le nombre de personnes mortes sous la torture ou à cause des conditions de détention dans les prisons de Bachar el-Assad.