À hauteur de l'Assemblée nationale, des manifestants ont uriné sur les grilles d'enceinte et tenté d'enfoncer les palissades qui protègent l'entrée de l'Assemblée. Des tirs de grenades lacrymogènes ont répondu à des jets de projectiles au-dessus de ces palissades, et les manifestants ont été immobilisés sur le pont de la Concorde, avant que le cortège puisse repartir sur le boulevard Saint-Germain.
L'homme dont quatre doigts de la main ont été arrachés dans les heurts autour de l'Assemblée nationale a été évacué par les pompiers, un bandage au bout de l'avant-bras. La cause de la blessure reste incertaine. Mais, selon un témoin direct qui a filmé la fin de la scène, Cyprien Royer, il s'agirait d'une « grenade de désencerclement » lancée par les forces de l'ordre, alors que des manifestants tentaient d'enfoncer les palissades protégeant l'entrée de l'Assemblée nationale.
Une voiture de la mission Sentinelle incendiée
La victime est « un photographe "gilet jaune" qui prenait des photos des gens en train de pousser les palissades de l'Assemblée nationale » a rapporté ce témoin. « Quand les flics ont voulu disperser les gens, il a reçu une grenade de désencerclement au niveau de son mollet, il a voulu mettre un coup de main dedans pour ne pas qu'elle explose vers sa jambe et elle a pété quand il l'a touchée », a-t-il affirmé. La préfecture de police a confirmé qu'un « manifestant blessé à la main » a été pris en charge par les pompiers, sans plus de précisions.
D'autres incidents ont eu lieu sur le parcours de la manifestation, qui est arrivée vers 16H30 près de la Tour Eiffel, dans une ambiance très tendue. Du mobilier urbain et des distributeurs de banques ont été cassés, une dizaine de véhicules a été incendiée, principalement des voitures de luxe, mais aussi une voiture de la mission antiterroriste militaire Sentinelle. Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a dénoncé sur Twitter des « attaques intolérables » et exprimé son « indignation et dégoût ».
Des incidents sporadiques se sont aussi produits le long du parcours du cortège, notamment rue de Rennes, boulevard Saint-Michel et autour du jardin du Luxembourg. Aux tirs de projectiles contre les CRS et aux dégradations de mobilier urbain ou de banques, les forces de l'ordre ont répondu par des tirs de grenades lacrymogènes, de désencerclement ou de lanceurs de balles de défense (LBD). À 20h, la préfecture de police comptait 39 interpellations à Paris. Il y avait 21 personnes en garde à 17H00, selon le parquet de Paris.
► Rassemblements en province
À Bordeaux, plusieurs milliers de « gilets jaunes » ont tenu des rassemblements, souvent émaillés de heurts. Dans le cortège flottaient de nombreux drapeaux français, et un drapeau noir anarchiste, derrière des banderoles proclamant : « En route pour un monde meilleur ». À Lyon, ils étaient aussi plusieurs milliers dans les rues. À Dijon, une des places fortes du mouvement, le cortège s'est élancé aux cris de « Macron démission ».
À Lyon, des heurts ont opposé « gilets jaunes » et forces de l'ordre, qui ont plusieurs fois empêché le cortège de manifestants d'entrer dans la « presqu'île », le noeud commerçant de l'hyper-centre lyonnais. D'autres affrontements sont survenus au moment où les manifestants se sont approchés de la préfecture, puis lorsqu'ils ont tenté de regagner, sans succès, le centre-ville.
Huit policiers ont été légèrement blessés par des jets de projectiles à Saint-Etienne en marge de la manifestation des « gilets jaunes » lors d'affrontements avec de petits groupes de manifestants, dont onze ont été interpellés, a-t-on appris samedi soir auprès de la préfecture de la Loire.
Plusieurs milliers de « gilets jaunes » ont défilé sous le soleil à Marseille. Depuis le Vieux-Port, ils ont rejoint la Plaine, une place du centre-ville en travaux, dont le projet de la réhabilitation de la mairie soulève d'importantes contestations. Le cortège, qui a emprunté des rues très étroites, est resté uni, lourdement encadré par la police. À Montpellier, la police a dispersé les manifestants au canon à eau devant la préfecture de l'Hérault, avant d'interpeller 4 personnes.
Au moins 2 000 personnes ont défilé à Lorient. Sur un gilet jaune était écrit : « produits alimentaires +8 à 10%, retraites et pensions -3,5%. On en a marre ». « Macron démission, Castaner en prison », ont scandé des manifestants. À Caen, 1 700 personnes ont manifesté, selon la préfecture, et à Montpellier, environ 1 500.
(avec AFP)