« Si nous ne trouvons pas les bonnes solutions, a dit le Premier ministre, nous n'appliquerons pas » l'augmentation de la taxe carbone prévue au 1er janvier et qui a agi comme détonateur de la fronde, avant que l'exécutif ne la suspende mardi pour six mois.
Mais les augmentations de taxe sur les carburants prévues pour le 1er janvier 2019 sont « annulées pour l'année 2019 », a affirmé le ministre de la Transition écologique François de Rugy mercredi soir sur BFM TV. « Comme ça il n'y a pas d'entourloupe. Le président, je l'ai eu au téléphone il y a quelques minutes. Il m'a dit: "les gens ont eu l'impression qu'il y avait une entourloupe, qu'on leur disait c'est une suspension mais hop ça reviendra après" », a ajouté le ministre lors d'un débat avec des « gilets jaunes ».
Avec cette annonce en forme de coup de théâtre mercredi soir, l'exécutif a tenté un geste fort, à trois jours d'une mobilisation à haut risque des « gilets jaunes ». L'annonce est intervenue à la fin d'une journée marquée par la très forte inquiétude de l'exécutif face à une mobilisation jugée toujours plus « incontrôlable » et « insaisissable », selon les mots du Premier ministre Edouard Philippe.
Le président Emmanuel Macron a demandé lors du Conseil des ministres « aux forces politiques et syndicales, au patronat de lancer un appel clair et explicite au calme », a rapporté le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux.
Édouard Philippe a soumis aux députés dans l'après-midi une déclaration défendant ses annonces d'un abandon dans le budget 2019 de la hausse de la taxe carbone, d'un gel des tarifs du gaz et de l'électricité cet hiver, et du renoncement à durcir le contrôle technique automobile avant l'été, toutes mesures répondant à des demandes des « gilets jaunes ». La déclaration a été approuvée par 358 voix contre 194.
► Réactions des « gilets jaunes » sur les réseaux sociaux
L’idée qui domine, c’est que ce n’est pas assez. Pour ceux qui ont compris que l’annulation ne valait que pour 2019 : rien d’exceptionnel, ce n’est qu’un prolongement du moratoire. Un an au lieu de six mois et la question se reposera.
Et il y a ceux qui croient qu’Emmanuel Macron renonce de manière définitive à augmenter les taxes sur le carburant. Même pour eux, le compte n’y est pas.
Sur Twitter, le groupe « Gilets Jaunes Paris » défie : « Le gouvernement décide de ne pas nous en prendre plus, obtenons en plus ! » S’en suit un appel à manifester samedi.
« Le gouvernement ne fait pas marche arrière », estime un « gilet jaune » de Bordeaux, qui se précise « actif et pacifique ». « Il a juste répondu à un point de nos demandes. Nous avons gagné une bataille, mais le combat continue. » dit-il.
Nombreux sont ceux qui citent l’impôt sur la fortune (ISF), dont ils veulent le rétablissement, les retraites ou les salaires. Les « gilets jaunes », en tout cas ceux qui réagissent à chaud, ne sont ni convaincus ni impressionnés par le recul d’Emmanuel Macron. Ils veulent plus. Et ils restent mobilisés.